Séance houleuse à l'Assemblée nationale dans la nuit du 18 au 19 avril qui aura vu Les Républicains (LR) se mettre en scène et la ministre auprès du ministre de l'Intérieur, Jacqueline Gourault (Modem), réagir violemment lors de l'examen à l'Assemblée nationale du projet de loi asile et immigration.
Depuis plusieurs jours, les députés LR demandent au gouvernement de répondre à une question : «Existe-t-il un plan caché de régularisation des étrangers en situation illégale dans notre pays ?»
Une interrogation qui n'a obtenu aucune réponse satisfaisante pour les élus LR et donc reprise dans la nuit du 18 au 19 avril par le député LR Pierre-Henri Dumont. Quid du «...plan caché de régularisation de 40 000 clandestins que vous avez promis à votre aile gauche [de La République en marche] pour les calmer. Deuxièmement, nous vous avons demandé des chiffres concernant l'étude d'impact [pour l'élargissement du regroupement familial]», lance-t-il. «Si nous n'avons pas ces chiffres, le débat parlementaire ne pourra pas continuer dans des conditions sereines», poursuit-il en menaçant de plusieurs suspensions de séance si aucune réponse du gouvernement n'est apportée. Remplaçant le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sur les bancs de l'assemblée, c'est la ministre Jacqueline Gourault qui a pris le micro.
Cette dernière s'est lancée dans une diatribe contre l'opposition LR et le président de son groupe, Christian Jacob. «Qu'est-ce que c'est que d'obliger un ministre à répondre ?», lance-t-elle, créant des applaudissements au sein de la majorité gouvernementale et des réactions de contestation chez les députés LR. Très remontée, Jacqueline Gourault poursuit : «Vous me laissez parler ! [...] Ce sont des méthodes autoritaires qui ne sont pas acceptables dans une démocratie, on ne fait pas de pressions ainsi», ajoute-t-elle. «Mais qu'est-ce que c'est que ces méthodes ?» s'emporte-t-elle, provoquant les acclamations du groupe de La République en marche (LREM). Dans le désordre, le chef des députés LR, Christian Jacob, intervient pour demander le calme, et visant directement Jacqueline Gourault, s'empresse de lui donner une leçon sur la démocratie française : «Je veux simplement rappeler à Madame la ministre que le gouvernement est responsable devant le Parlement et cela n'est pas l'inverse. A plusieurs reprises, nos collègues ont posé des questions très claires, avec beaucoup de sérénité et de calme, vous refusez d'y répondre.»
La séance est restée très tendue. La ministre Jacqueline Gourault avoue que cela a été «une soirée bizarre».
Après d'autres moments de tension, entre le gouvernement et l'opposition de gauche, le député LR Fabien Di Filippo a ironisé dans son intervention sur cet «abominable régime où un ministre est obligé de répondre aux questions des députés».