France

Parlement européen : le coup de sang de Macron, mis en cause dans les frappes en Syrie (VIDEO)

Mis en cause par plusieurs eurodéputés sur la légitimité des frappes en Syrie auxquelles la France a participé aux côtés de ses alliés américains et britanniques, Emmanuel Macron leur a répondu vertement dans un discours enflammé.

«Jupiter» a-t-il perdu ses nerfs au Parlement européen ? Après une harangue sur le nouveau souffle qu'il entend donner à l'Europe face aux «démocraties illibérales» et à la «tentation autoritaire», le chef de l'Etat français a vu plusieurs députés européens, dont Florian Philippot (Les Patriotes) et Nicolas Bay (Front national), critiquer les frappes que la France a menées en Syrie aux côtés des Etats-Unis et du Royaume-Uni.

Peu habitué depuis son élection à être confronté à des adversaires politiques, Emmanuel Macron a gratifié son auditoire d'une envolée digne des plus grandes heures de la campagne électorale française de 2017.

«Les principes c'est pour nous, mais la réalité, elle est pour les autres ? Non ! Non !»

Après avoir sèchement recadré les deux eurodéputés français, le locataire de l'Elysée s'est emporté en répondant aux critiques sur les frappes en Syrie, qui visaient à punir Damas pour une attaque chimique supposée à la Ghouta orientale le 7 avril, imputée par les Occidentaux au gouvernement syrien.

Nous nous étions habitués à ce que le camp du droit soit le camp du faible. Je ne m'y résoudrai jamais

«Je vous le demande, les mêmes qui à chaque fois s'indignent devant les images que nous avons vues, d'enfants, de femmes morts d'attaques de chlore, restons-nous assis ? Défendons-nous des droits en disant : "Les droits c'est pour nous", "les principes c'est pour nous", mais "la réalité, elle est pour les autres" ? Non ! Non ! [...] Trois pays sont intervenus et, je vous le dis avec beaucoup de franchise : pour l'honneur de la communauté internationale !», a-t-il martelé en haussant le ton.

«Nous nous étions habitués à ce que le camp du droit soit le camp du faible. Je ne m'y résoudrai jamais», a encore clamé Emmanuel Macron avec véhémence, avant de poursuivre : «Ces frappes en elles-mêmes ne règlent rien [...] elles rappellent les principes de la communauté internationale.»

Face à lui, plusieurs eurodéputés arboraient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Hands off Syria» («Bas les pattes de la Syrie«») ou encore «Stop the war in Syria» («Mettons fin à la guerre en Syrie»).

«N'avez-vous donc rien retenu de l'Irak ou de la Libye ?»

Prenant la parole dans l'hémicycle européen, le vice-président du Front national Nicolas Bay avait vertement reproché cette intervention militaire au président français : «N'avez-vous donc rien retenu, vous et tous les autres, de l'Irak ou de la Libye ? De ces interventions qui ont abouti à semer la guerre, le chaos et permettre aux djihadistes de prospérer ?»

Florian Philippot avait lui estimé qu'Emmanuel Macron aurait dû prendre exemple sur le président Chirac «qui, lui, savait dire non, comme en 2003 [guerre en Irak], aux guerres américaines».

A l'Assemblée nationale française, la veille, le 16 avril, l'opposition à la majorité présidentielle, de La France insoumise (LFI) au Front national (FN) en passant par Les Républicains (LR), a condamné quasi-unanimement les frappes occidentales en Syrie.

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