18 personnes ont été interpellées lors d'échauffourées dans la nuit du 16 au 17 avril dans le quartier défavorisé du Mirail à Toulouse, pour la deuxième nuit de violences urbaines consécutive.
«Les forces de l'ordre ont été prises à partie tout au long de la nuit et ont procédé à 18 interpellations pour des faits de violences, de destruction de bien par incendie et d'outrage», a ainsi précisé ce 17 avril dans un communiqué la préfecture de la région Occitanie, cité par l'AFP.
Didier Martinez, secrétaire régional du syndicat Unité SGP police-FO évoque pour l'AFP, dans les quartiers de Bellefontaine et Bagatelle faisant partie de l'ensemble urbain du Mirail, des «guet-apens et mises à feu de véhicules, containers à ordures, et caillassages copieux sur les intervenants».
Sur différentes vidéos, on peut notamment voir des véhicules en proie aux flammes.
Première nuit de violences urbaines du 15 au 16 avril
Une centaine de jeunes s'était déjà attaqués aux forces de l'ordre dans la nuit du 15 au 16 avril au soir dans les quartiers de la Reynerie et de Bellefontaine, classés en zone de sécurité prioritaire (ZSP), incendiant de nombreux véhicules.
Il y avait clairement une volonté de s'en prendre aux forces de l'ordre. Ça faisait bien longtemps qu'on n'avait pas vu ça
Une dizaine de voitures avaient été brûlées, ainsi qu'un engin de chantier, tandis que le commissariat de police de Bellefontaine, visité début mars par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, a été la cible de jets de pierres. Ces incidents n'avaient pas fait de blessés ni donné lieu à des interpellations.
«Il y avait clairement une volonté de s'en prendre aux forces de l'ordre. Ça faisait bien longtemps qu'on n'avait pas vu ça», a constaté le commissaire Arnaud Bavois, décrivant des scènes de «grande violence» avec des jeunes qui ont mis le feu à des voitures et avec l'idée «de prendre les policiers en guet-apens».
A l'origine de l'émeute : l'interpellation d'une femme en niqab...
Au total, plus de cent policiers et gendarmes avaient été mobilisés pour ramener le calme dans la nuit du 15 au 16 avril. Un hélicoptère de la gendarmerie avait aussi survolé les lieux. Une enquête en flagrance a été ouverte par le parquet de Toulouse pour violences aggravées avec armes et sur personnes dépositaires de l'autorité publique, dégradations et incitations à l'émeute, selon une source judiciaire.
La tension dans le quartier, selon le commissaire, est montée dans l'après-midi du 15 avril après le contrôle, filmé, d'une femme en niqab refusant de se soumettre aux vérifications de la police. Sur une vidéo postée sur les réseaux sociaux, on peut voir les policiers la mettre à terre après son refus de se soumettre à un contrôle d'identité. «La police maltraite, jette par terre, s'assoie sur elle et humilie une sœur qui porte le niqab», commente sous la vidéo en question le site Islam & Info.
La femme, en infraction avec la loi, a été interpellée et placée en garde à vue pour «rébellion, outrage et violences sur personne dépositaire de l'autorité publique», selon une source judiciaire. Le 16 avril dans la soirée, sa garde à vue a été prolongée, a précisé la même source. Pour rappel, le port du voile intégral est interdit en France depuis la loi entrée en vigueur le 11 avril 2011 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.
... ou la mort d'un détenu originaire du quartier ?
Ces violences dans différents secteurs du Mirail pourraient également avoir été déclenchées par une rumeur selon laquelle des gardiens de la prison de Seysses, au sud de Toulouse, auraient été à l'origine du décès le 14 avril d'un détenu, originaire du quartier.
Or, si un homme d'une trentaine d'années est bien mort le 14 avril dans cette prison, c'est «à la suite d'un suicide», a souligné le commissaire Bavois, précisant qu'il y a également eu «une tentative de suicide» d'un autre détenu dont le «pronostic vital» est engagé.