France

Des milliers de personnes dans les rues de Paris contre le projet de réforme de la justice (VIDEOS)

Alors que la garde des Sceaux Nicole Belloubet compte présenter son projet de refonte de la justice le 18 avril, avocats, magistrats et greffiers ont entamé une journée «Justice Morte» le 11 avril pour dénoncer une réforme sacrifiant leurs principes.

Ils ne relâchent pas la pression. Les professionnels de la justice, avocats, magistrats et greffiers se sont rassemblés dans toute la France pour la troisième fois depuis deux mois. Ils dénoncent la réforme de la justice souhaitée par la garde des Sceaux Nicole Belloubet. A Paris, la réunion de milliers de femmes et hommes de loi a pris des allures de manifestation ; le défilé s’est déroulé de la place du Châtelet à la rue de la paix.

Selon Jérôme Gavaudan, président de la Conférence des bâtonniers interrogé par RT France, tous les barreaux de France, soit 164, se sont mobilisés le 11 avril. Les professionnels du droit s’opposent à une réforme qui déparerait la justice, au lieu comme elle le prétend, d’améliorer la rapidité et l'efficacité du système judiciaire.

«On veut toujours faire plus vite, de manière totalement désordonnée, en nous promettant de déshumaniser la justice», dénonce Maître Karine Descamps, avocate au barreau de Dieppe, interrogée par RT France.

Les détracteurs de la loi reprochent à la réforme de préparer une justice expéditive, qui empêcheraient certains délits d’être jugés devant un tribunal populaire, et d’éloigner de toutes les manières possibles les plaignants de la justice, par exemple en supprimant des tribunaux d’instance. Ils s’érigent contre la création encouragée des règlements à l’amiable pour de grands ou petits litiges qui se feront en ligne, sans intervention de juges, et/ou via une société privée.

On supprime un des fondements de la démocratie : que le justiciable puisse voir son juge

Selon les protestataires, cette déshumanisation de la justice néglige l’étude au cas par cas des problématiques et réduit, voire empêche l'intervention fondamentale du juge. «On supprime nécessairement un des fondements de la démocratie, qui est que tout justiciable puisse voir son juge», a expliqué un manifestant au micro de RT France.

 Nous sommes pour un accès à tous, pour une justice humaine

Autre problème relevé : la transformation du numérique, trop compliquée pour les novices ou les personnes éloignées d'internet. «Le tout numérique avec une saisine de la justice par internet, ça ne correspond pas forcement à tout le monde et notamment pas au public défavorisé. Nous sommes pour un accès à tous, pour une justice humaine et proche»,  explique l’avocat Gauthier Lasry du barreau de Béthune à RT France, qui milite pour pour sauvegarder «la justice de proximité dans des zones défavorisées» comme la sienne.

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