France

Violences : lycéens, professeurs et personnel d'éducation excédés dans un lycée de Stains

Des bandes se livrent à des violences inouïes aux abords du lycée Utrillo à Stains, en Seine Saint-Denis. Marteaux, machettes, couteaux et armes à feu sont brandies pour blesser ou intimider les lycéens. Dans l'établissement, c'est la saturation.

Au lycée Utrillo de Stains, en Seine Saint-Denis, la violence est devenue quotidienne et extrême. A tel point que le 5 avril, une équipe du rectorat a fait le déplacement dans l'établissement pour rencontrer le personnel réuni en assemblée générale. Des enseignants ont décidé d'exercer leur droit de retrait et les lycéens, solidaires de leurs professeurs et de leurs encadrants prévoiraient un blocage à partir du 6 avril. Un message qui circule dans le lycée et qui a été publié sur Twitter exprime le ras-le-bol : «Ce qui se passe est inadmissible. Les profs perdent leur salaire et leur santé pour notre sécurité et ce n'est pas normal. Ce n'est pas leur travail ni celui des assistants d'éducation qui prennent des risques chaque jour.»

Après avoir dépêché des équipes mobiles de sécurité, le rectorat a décidé la création d'un conseil local de prévention de la délinquance, entre la mairie, la police et le parquet de Bobigny. Interrogée par France Inter, une professeure s'indigne : «On a l'impression qu'on se moque de nous. Les institutions ont brillé par leur absence depuis le mois de novembre.» Un membre du personnel éducatif a qualifié de «laïus» les propos prononcés par la délégation du rectorat qui selon lui ne prend pas la mesure de la situation.

Les violences décrites par les équipes du lycée sont surréalistes. Elles seraient le fait de règlements de compte entre bandes rivales. Le 12 mars, un lycéen a été agressé à coups de marteau sur le parvis de l'établissement. Des surveillants assurent avoir vu des machettes dans les armes utilisées par les agresseurs.

Selon le Bondy Blog, le 4 avril, une cinquantaine de professeurs et de membres du personnel de la vie scolaire ont occupé le bureau du proviseur pendant plus de trois heures pour réclamer, en vain, la fermeture urgente du lycée.

«A Utrillo, les équipes sont à cran. Le climat est très tendu. On a peur pour nos élèves», a confié Benoît Del Torchio, professeur de SVT, affilié au syndicat Fnes-FSU, au Bondy Blog. «Certains AED et enseignants sont dans un état de peur et de mal-être. J’ai vu des collègues en larmes hier», a souligné Sabrina Mahfoufi, professeure de mathématiques.

La visite du rectorat ne semble pas avoir apaisé les esprits au lycée Utrillo et le sentiment d'être laissés pour compte perdure.