Présentée comme l’une des mesures phrases du projet de réforme des institutions porté par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle, l’introduction d’une dose proportionnelle à l’Assemblée nationale se fera à hauteur de 15%. Si l’annonce faite par le Premier ministre le 4 avril ne risque pas trop de créer de remous au sein de la majorité présidentielle, elle ne devrait pas satisfaire les partisans d'une meilleure représentativité à l'Assemblée nationale.
Dans une assemblée rabotée de 30% de ses députés comme le prévoit le projet de réforme, l’introduction de cette dose de proportionnelle n’apporterait pas de changement radical. En effet, un rapide calcul permet de se rendre compte que la composition actuelle du Palais Bourbon ne serait guère différente.
Si le groupe la République en Marche ne raterait la majorité absolue que de quelques sièges, ses députés représenteraient 49% des élus (200 sur 404) contre 53% actuellement (343 sur 577). Une majorité bien confortable qui pourrait toujours s’appuyer sur ses alliés du MoDem, qui bénéficieraient de 27 sièges avec un tel système.
Quant aux élus de l’opposition, leur représentativité serait loin d’être substantiellement améliorée. Les députés issus du groupe Les Républicains (LR) représenteraient 19% des élus à l’Assemblée nationale – soit la même proportion actuellement.
Cette implacable arithmétique s’applique aux députés socialistes cantonnés à 5% de la représentation nationale avant et après la dose de proportionnelle. La France insoumise (FI) et le Front national (FN) représenteraient respectivement 4,2% et 3,2% de l’ensemble des députés contre 2,9% et 1,4% aujourd’hui.
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