Elu député du Rhône pour La République en marche (LREM) au mois de juin 2017, l'ex-chef d'entreprise Bruno Bonnell est connu pour ses controverses. Si bien que cette image renvoyée et assumée par le parlementaire a intéressé Le Monde, qui dresse de lui un portrait, le 31 mars, qui fera certainement – et à nouveau – grincer des dents chez ses collègues marcheurs.
On ne le voit jamais, c’est simple
Le journal vespéral explique par exemple que l'élu a, depuis janvier, ouvert un local dans sa circonscription à Villeurbanne, mais que celui-ci n'est pas destiné à accueillir la société civile ni ses électeurs. «Je ne suis pas là pour faire l'assistante sociale. Pour les places en crèche ou les logements, allez voir ailleurs !», commente sans ambages le parlementaire.
Et Le Monde de recueillir une autre confession choc : «Ce qui se dit en circo, j’en ai rien à foutre.» Au moins c'est dit. Bruno Bonnell n'attend pas de remerciements de quiconque, et n'a cure des jérémiades. Toutes ses provocations, il les fait généralement à distance de sa cirsconcription, loin de Villeurbanne. Didier Vullierme, l’adjoint au maire socialiste de Villeurbanne témoigne ainsi : «On ne le voit jamais, c’est simple.»
Son activité parlementaire ? Là aussi, Bruno Bonnell préfère se tenir à distance et Le Monde de constater que «pendant des mois, il n’a pas ouvert la bouche, ni en commission ni dans l’hémicycle, et n’a rédigé aucun amendement». Mais Bruno Bonnell justifie cette discrétion : «On m’a expliqué, quand je suis arrivé, que nos prises de parole ouvraient un temps d’expression équivalent à l’opposition, alors j’ai préféré me taire.»
Là où le fondateur du défunt éditeur de jeux vidéo Infogrames brille et semble exceller, c'est sur les terrains de la petite phrase et de la controverse.
Bruno Bonnell, un personnage cash... et controversé
Selon un article de Mediapart du 24 février, l'un des collaborateurs parlementaires de Bruno Bonnell avait décidé de quitter son équipe, assurant avoir travaillé pendant plusieurs mois sans contrat de travail ni rémunération. Interviewé par le site d'investigation, le militant LREM Hadj Djennas avait annoncé avoir «travaillé de septembre à décembre en circonscription pour assurer l'ancrage local du député». Pour Le Monde, Bruno Bonnell est revenu sur ce couac : «C’est l’histoire d’un gars qui dit "je viens militer pour toi", et qui, trois mois après, me demande de le payer.» Fin de l'histoire pour Bruno Bonnell.
Quand on est chef d’entreprise, il y a des règles et il faut jouer avec, on n’est pas dans la morale
Egalement accusé par Mediapart d'avoir créé deux sociétés dans le Delaware à des fins d'optimisation fiscale, Bruno Bonnell balaie cette affaire : «Ces sociétés n’ont jamais fonctionné, il n’y a pas eu de chiffre d’affaires, donc pas d’optimisation fiscale [et] de toute façon, optimisation fiscale ne vaut pas fraude : quand on est chef d’entreprise, il y a des règles et il faut jouer avec, on n’est pas dans la morale.»
Une attitude cash qui fait de Bruno Bonnell une des figures les plus visibles de LREM – mais aussi les plus controversées. A peine un mois après son élection, il avouait pour Le Parisien «qu'être député, c'est beaucoup plus complexe et fatigant que chef d'entreprise». Au moment de la période des fêtes, il maintenait ses propos, surpris de l'intensité du travail parlementaire. «A Noël, il va y avoir beaucoup d’ultimatums familiaux, genre "si tu y retournes, je te quitte". On va avoir des surprises en janvier. [...] Il y a un conflit entre la vie familiale et la politique telle qu’elle est conçue aujourd’hui», assurait le député macroniste du Rhône dans des propos rapportés par L'Opinion, qui n'ont pas manqué de faire polémique.
Ces paroles ont dérangé jusque dans les rangs de la majorité présidentielle. Le 20 décembre, l'un de ses collègues, Pieyre-Alexandre Anglade critiquait sur LCP les députés «qui peuvent se plaindre». «Je crois que c'est être un petit peu en déconnexion avec la réalité de ce que connaissent les Français, qui ont à vivre des réalités professionnelles qui sont parfois beaucoup plus dures que ce que peuvent rencontrer les parlementaires», avait-il ajusté. Pas sûr que Bruno Bonnell s'en formalise.