France

Montpellier : des étudiants qui occupaient la fac de droit évacués de force par des hommes cagoulés

Pour les occupants, le doyen a laissé pénétrer des individus cagoulés dans l'établissement pour les en chasser. Celui-ci affirme n'avoir laissé entrer personne et soutient que ce sont des étudiants en droit qui ont souhaité défendre leur fac.

Des étudiants qui occupaient la faculté de droit de l'université de Montpellier le 22 mars ont été chassés du bâtiment manu militari par un groupe d'individus, dont certains étaient cagoulés et armés de morceaux de palette en bois.

Les étudiants, pour beaucoup de facs voisines, avaient investi la faculté dans le cadre de la journée de mobilisation contre le Plan étudiants. Une réunion d'information autorisée par l'établissement s'était alors transformée en assemblée générale qui s'est prolongée tard dans la nuit, et au cours de laquelle la décision d'occuper les lieux a été prise. C'est à ce moment qu'une dizaine d'individus, cagoulés pour la plupart et habillés de noir, a entrepris de faire fuir les étudiants contestataires.

Deux vidéos des événements postées sur les réseaux sociaux montrent que des coups ont été échangés lors de l'évacuation, qui s'est faite dans une certaine confusion.

Deux versions s'opposent quant au déroulement des faits. D'une part, les étudiants qui occupaient les lieux soutiennent que Philippe Pétel, le doyen de la faculté, a empêché la police d'entrer et a laissé les individus cagoulés pénétrer dans l'amphithéâtre. «C'est le doyen qui a ouvert la porte. Je l'ai vu de mes propres yeux», assure ainsi un témoin interrogé par Libération. «Ils sont entrés dans l'amphi, ont frappé les étudiants, moi j'ai pris deux coups à la tête, un dans le ventre, j'ai des marques au visage et le nez qui saigne», poursuit ce témoin. D'autres font état de l'utilisation de taser, et prétendent avoir été victimes d'injures racistes. Certains maintiennent en outre avoir reconnu des professeurs parmi les individus cagoulés, et soulignent la présence d'agents en charge de la sécurité incendie qui ne sont à aucun moment intervenus.

Le doyen «fier» de ses étudiants qui ont défendu la fac contre son occupation

De son côté, le doyen Philippe Pétel assure avoir tenté d'obtenir une intervention de la police «toute la journée» en vain, au «grand désespoir» des étudiants qui étaient autour de lui et qui souhaitaient réinvestir les locaux pour pouvoir suivre leurs cours.

Niant avoir fait rentrer qui que ce soit dans l'amphithéâtre, et soutenant qu'il était dans le hall de le fac au moments des faits, Philippe Pétel affirme que ce sont les étudiants en droit, et peut-être des professeurs, qui étaient «tous contre l'occupation», qui ont entrepris de défendre leur faculté. «Je ne peux pas les en blâmer», explique-t-il au micro de France 3, se déclarant «fier de ses étudiants» et approuvant leur action «totalement».

«Si certains étaient cagoulés, je ne sais rien», soutient-il en outre, notant qu'en général, les cagoulés sont «plutôt dans le clan des occupants».

«Echauffourées entre étudiants» pour la préfecture, la ministre condamne les violences

La préfecture parle pour sa part «d'échauffourées entre étudiants» à l'intérieur de la faculté, précisant que la police était intervenue à l'extérieur dans le cadre d'un «trouble à l'ordre public» et pour prendre en charge trois blessés.

La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a quant elle «condamné avec la plus grande fermeté les violences commises à la faculté de droit de Montpellier».

Elle a également annoncé avoir missionné l'Inspection générale de l'administration de l'Education nationale et de la recherche pour faire la lumière sur les événements et qu'elle prendrait des décisions après les conclusions de l'enquête.

Lire aussi : «Mort aux blancs» : le racisme anti-blanc s'exhibe sur les murs de l'Université Paris 8