France

«Stigmatisant» : le gouvernement réagit à la tribune contre le «séparatisme islamiste»

Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a dénoncé une tribune publiée signée par 100 personnalités dans Le Figaro telles qu'Alain Finkielkraut ou Pierre Nora, dénonçant le «séparatisme islamique». Il regrette l'emploi du terme «apartheid».

100 personnalités ont signé une tribune dans Le Figaro, mettant en garde contre le «séparatisme islamiste». Alain Finkielkraut, Bernard Kouchner, Elisabeth Lévy, Sylvain Tesson ou encore Luc Ferry ont épinglé l'islamisme en tant que danger qui «menace la liberté en général» et ont dénoncé un «apartheid d'un nouveau genre qui est proposé à la France». Benjamin Griveaux, secrétaire d'Etat au Premier ministre, s'est exprimé sur ce texte sur France Inter

Répondant aux questions d'Ali Baddou, le porte-parole du gouvernement a déclaré : «Il y a un mot qui me gêne dans cette tribune, c'est le terme employé d'apartheid.» Il a toutefois admis qu'il existait «des quartiers de la République où le salafisme a pris le pouvoir». Il a reconnu les défaillances de certains services publics, «écoles ou accompagnement des personnes âgées».

La reconquête ne se fait pas dans les tribunes, en stigmatisant

Cependant, pour Benjamin Griveaux, ces enjeux ne se traitent pas par voie de presse. «La reconquête, elle ne se fait pas dans les tribunes, en stigmatisant, en expliquant que c'est des zones d'apartheid, elle se fait avec la police de sécurité du quotidien, elle se fait en dédoublant les classes et en ayant deux fois moins d'élèves dans les quartiers difficiles», a-t-il expliqué, énumérant des éléments phares du programme présidentiel d'Emmanuel Macron.

A contrario, le député affilié à la majorité présidentielle Manuel Valls a salué un diagnostic qu'il partage. Selon l'ancien Premier ministre socialiste, «il est temps d'ouvrir les yeux, de dire les choses».

Une «ségrégation à l'envers» ?

Dans le détail, les cosignataires de la tribune – essayistes, écrivains, journalistes, philosophes – s'inquiètent de la montée de l'islam intégriste et  évoquent un «nouveau totalitarisme islamiste», qui «cherche à gagner du terrain par tous les moyens et à passer pour une victime de l'intolérance». 

Ils dénoncent une mise à l'écart volontaire des musulmans extrémistes, induisant une «ségrégation à l'envers».

Ateliers «non mixtes» interdits aux blancs ou la valorisation du port du voile islamique représentent pour les auteurs du texte autant de preuves de «sécession avec la communauté nationale». Evoquant ce qui constitue selon eux une forme de séparatisme, ils interrogent : «N'est-il pas l'expression de la haine la plus caractérisée à l'égard de notre pays et de la démocratie?»

Ils estiment que «l'islamisme veut être à part, car il rejette les autres, y compris les musulmans qui ne partagent pas ses vues» et appellent de leurs vœux un monde égalitaire «où aucune religion ne fait la loi».

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