Le président de la République française Emmanuel Macron, a annoncé le 6 mars son grand «plan prison» depuis l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire à Agen, dans le Lot-et-Garonne.
La fin des courtes peines, «70% des incarcérations» selon le Canard
Première annonce choc, le chef de l'Etat ne veut plus de petites peines : «Pour les peines inférieures à un an, nous mettrons un terme à l'automaticité. C'est le tribunal qui devra décider expressément d'un aménagement au vu du profil de la personne et non plus en se soumettant à un système automatique». Le président a également précisé que seraient «proscrites les peines de prison inférieures à un mois».
Et pour ce qui est des peines entre un et six mois : «[Elles] pourront s'exécuter hors des établissements pénitentiaires», or, selon une information du Canard enchaîné du 7 mars, il s'agit justement de «70% des incarcérations» en France.
Le prédécesseur d'Emmanuel Macron, François Hollande, avait annoncé la création de 15 000 nouvelles places de prison. Mais l'actuel locataire de l'Elysée n'entend pas procéder de la sorte et le fait savoir en annonçant qu'il ne souhaite pas «de fétichisme sur le nombre de 15 000 places», préférant avancer le chiffre de 7 000 places... A la place, le président propose ce que le Canard nomme des «solutions alternatives à l'incarcération», soit le travail d'intérêt général, la mise à l'épreuve et la contrainte pénale, notamment pour les délits routiers et l'usage de drogues.
Le volet réinsertion sera-t-il suivi d'effet budgétaire ?
La réinsertion, c'est le deuxième volet de la réforme pénitentiaire d'Emmanuel Macron : «Nous devons changer ce système qui ne protège plus suffisamment le citoyen, mine le personnel pénitentiaire et empêche ceux qui voudraient se réinsérer de sortir de la délinquance.» Mais l'hebdomadaire satirique annonce d'ores et déjà qu'«il faudrait alors beaucoup – vraiment beaucoup – renforcer les services pénitentiaires chargés des solutions alternatives et de la réinsertion, dont les effectifs sont déjà très insuffisants.» Et le palmipède d'ajouter, non sans malice : «Cette basse cuisine de budget reviendra à la garde des Sceaux [Nicole Belloubet].» Mais le président de la République l'assure : «Il ne s'agira clairement pas d'une concession à la fermeté nécessaire face à la délinquance, au contraire» et de prévenir : «[C'est] tout sauf du laxisme.»
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