Sur les questions de la croyance et du fait religieux, Emmanuel Macron a savamment entretenu le flou gaussien depuis le début de sa campagne électorale, puis au cours de ses premiers mois de présidence de la France. Ici ou là, une allusion à la «transcendance» (en septembre 2016), mais pas beaucoup plus. Le Journal du dimanche (JDD) précise dans son édition du 11 février que l'actuel locataire de l'Elysée s'est fait baptiser par choix à l'âge de 12 ans. L'hebdomadaire rappelle également l'instant de confusion du chef de l'Etat aux funérailles de Johnny Hallyday, lorsque Emmanuel Macron a hésité devant les caméras à bénir la dépouille de l'artiste avant de se raviser pour simplement toucher son cercueil.
Mais cette fois, l'heure des mesures a sonné... Du moins, en ce qui concerne l'islam. Dans une interview accordée au JDD, le président de la République a annoncé qu'il souhaitait poser les jalons de l'organisation de l'islam en France avant l'été : «Nous travaillons à la structuration de l'islam de France et aussi à la manière de l'expliquer. Mais je ne dévoilerai une proposition que quand le travail sera abouti. Ma méthode pour progresser sur ce sujet, c'est d'avancer touche par touche», a ainsi confié Emmanuel Macron au journal dominical.
Il a aussi assuré qu'il rencontrait des représentants de tous les cultes : «Je vais continuer à consulter beaucoup. Je vois des intellectuels et des universitaires [...], des représentants de toutes religions.»
Une interview toute en demi-teinte, sans grande prise de position, dans un style qui ne détonne pas de la communication présidentielle habituelle du chef de file de La République en marche, entre mantra républicain et rappel démocratique : «Retrouver ce qui est le cœur de la laïcité, la possibilité de pouvoir croire comme de ne pas croire, afin de préserver la cohésion nationale et la possibilité d'avoir des consciences libres.» Une pensée complexe, donc.
Le président évoque également un «nouveau concordat», sur la même base que celui qui existe en Alsace et en Moselle pour l'Eglise catholique, sans sembler y être particulièrement favorable. Il paraît surtout s'inquiéter des «objets connotés» (foulard, voile et burkini) et dit vouloir repousser les «raccourcis», parfois également nommés amalgames. Sans avoir vraiment livré le début de son plan, Emmanuel Macron termine son intervention en ces termes : «Il y a une question qui est celle de l'organisation. Mais il y a une autre question, qui est celle du rapport entre l'islam et la République.»
Quant à la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat, ce n'est pas «un texte sacré», ironise un proche du président cité par le JDD, qui précise : «Elle a déjà été modifiée 13 fois.»
Quoi qu'il en soit, un proche annonce d'ores et déjà : «Le président lit beaucoup et écoute tous les avis, mais il forgera seul son opinion.»