L'enquête de L'Express est stupéfiante. Entre violences, rackets et humiliations, le lycée de Toulouse Gallieni est pointé du doigt. Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, saisi du dossier depuis le mois de janvier 2018, dit avoir «entendu ce SOS» de la part d'élèves et de professeurs, qui régulièrement débrayent depuis le début de l'année.
Un ministre «scandalisé» et s'interrogeant sur le rôle de la hiérarchie
Pour une interview sur Europe 1, Jean-Michel Blanquer confirme les contestations à travers un rapport d'inspecteurs généraux dépêchés sur les lieux au cours du mois. «J'ai été profondément scandalisé de ce que j'ai lu. C'est une situation complètement inacceptable et elle va évidemment changer», assure-t-il pour la radio.
Pour répondre à cette situation, le ministre a envoyé «un personnel de direction expérimenté sur le terrain». Un personnel qui, selon Jean-Michel Blanquer, «a connu des situations de ce type», à qui il donne toute sa «confiance pour commencer à rétablir la situation». «La force doit être du côté du droit [...] Plusieurs mesures concrètes, pragmatiques vont être prises pour rétablir le droit», assure Jean-Michel Blanquer.
On va mettre un stop à cela
L'urgence est de répondre à un laxisme et Jean-Michel Blanquer veut interroger la chaîne hiérarchique pour comprendre pourquoi le lycée est devenu au fil du temps une zone de non-droit : «Il y a une petite minorité conséquente, plusieurs dizaines de personnes (ont) fait la loi [dans le lycée]. On n'a pas assez imposé les règles qu'on devait imposer au cours des précédentes années et des précédents mois», s'insurge le ministre de l'Education nationale.
Et Jean-Michel Blanquer d'argumenter :
«Les règles doivent être respectées, quand on laisse faire de petites choses sans les sanctionner sans réagir [...] comme les petits faits d'incivilité [ou] les violences faites aux filles, [...] il est complètement inacceptable de voir ce genre de comportements qu'il y a vis-à-vis des filles. C'est un symptôme de quelque chose qui ne va pas. [...] il doit y avoir des sanctions pour les élèves qui font n'importe quoi. Cela n'a pas été fait dans les semaines et mois précédents. Maintenant on va mettre un stop à cela».
Le lycée professionnel Gallieni, un lycée qui va très mal... parmi d'autres
L'enquête de L'Express du 30 janvier décrit sans ambages le lycée Gallieni comme «la honte de la République». S'appuyant sur les témoignages de professeurs ou d'élèves, notamment de filles victimes, le magazine dresse un tableau noir : vols, dégradations (estimées à 50 000 euros depuis septembre 2017), violences sexuelles contre les filles, insultes, proviseur et professeurs humiliés, etc. A ces faits, un rectorat qui aurait sous-estimé le phénomène. Pourtant, un rapport interne du Comité d'hygiène, de sécurité, et des conditions de travail académique (CHSCTA), dont l'hebdomadaire s'est procuré une copie, dévoile que «60 à 80 élèves seraient en "suivi judiciaire", l'un d'entre eux "en attente de comparution devant la cour d'assises" et certains "interdits de séjour sur Paris", donc placés ici dans le cadre de mesure d'éloignement».
Problématique : Jean-Michel Blanquer révèle qu'il existe d'autres «établissements qui vont très mal»... et donc potentiellement d'autres lycées Gallieni en puissance ? «Tous ces cas-là doivent être signalés et on doit avoir une réaction immédiate», conclut-il.