Le polémiste préfère relativiser après l'annulation de sa condamnation, par la Cour de cassation le 23 janvier, pour provocation à la haine envers les musulmans.
Une victoire donc pour Eric Zemmour ? A le lire, pas forcément. Contacté par le magazine Valeurs actuelles, il estime, de manière pragmatique, que le problème reste entier : «L’annulation de ma condamnation par la Cour de cassation ne règle rien. Ni le problème de l’invasion migratoire que j’évoquais sur le fond, ni celui de cette judiciarisation», estime-t-il.
Il avait été condamné une première fois en 2015 à 3 000 euros d'amende. Puis, en 2016, la cour d'appel avait confirmé toutes les dispositions du jugement.
Il avait été poursuivi après avoir affirmé dans le journal italien Corriere della Sera en octobre 2014, pour la promotion de son livre Le suicide français, à propos des musulmans : «leur code civil, c'est le Coran», «ils vivent entre eux, dans les banlieues. Les Français ont été obligés de s'en aller». «Je pense que nous nous dirigeons vers le chaos. Cette situation de peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile».
Des phrases qui lui ont valu non seulement quelques soucis avec la justice mais aussi avec l'un de ses employeurs.
Le tribunal médiatique à l'œuvre face à la liberté d'expression ?
Il rappelle ainsi, pour Valeurs actuelles, «que c’est pour cette interview qu’i-Télé [devenue CNews] m’a viré en 2014. A l’époque, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, incitait les gens à aller faire des manifestations devant chez moi et une députée socialiste avait demandé que je quitte la France.»
Malgré l'annulation de la condamnation, Eric Zemmour a donc dû subir les conséquences, durant trois ans, des premiers jugements tant judiciaires que médiatiques.
«Trois ans plus tard, la cour de Cassation reconnaît que cette affaire était un grand n’importe quoi. Le problème, c’est que le jugement politique et médiatique est tombé bien avant. C’est le péché mortel de la démocratie française : la judiciarisation des débats,» déplore l'écrivain.
Dans un communiqué, les avocats d'Eric Zemmour, Olivier Pardo et Laurence Dauxin-Nedelec, ont estimé que cette décision était «de nature à renforcer la liberté d’expression dont Eric Zemmour a le droit imprescriptible de bénéficier».
Malgré tout, le feuilleton n'est pas fini pour Eric Zemmour, la Cour de cassation a en effet ordonné un nouveau procès devant la cour d'appel de Paris. Et d'autres procès guettent. «Je rappelle que le maire de Grigny m’attaque aujourd’hui en justice parce que j’ai dit que la borne de Grigny [un quartier de la ville] n’était plus en France», conclut l'éditorialiste du Figaro.