France

Blocages en série dans plusieurs prisons : les surveillants expriment leur ras-le-bol (REPORTAGE)

Après l'agression à l'arme blanche de trois gardiens par un islamiste emprisonné à la prison de Vendin-le-Vieil, les surveillants pénitientiaires organisent des blocages un peu partout dans le pays pour dénoncer le «laxisme» gouvernemental.

Les premières opérations de blocage ont débuté ce 15 janvier au matin dans plusieurs prisons de France à l'appel des syndicats de surveillants, qui réclament plus de sécurité après l'agression de trois gardiens par un détenu djihadiste à Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, le 11 janvier dernier.

Cette «opération prison morte» est lancée par trois syndicats : Ufap-Unsa Justice, syndicat majoritaire, la CGT Pénitentiaire et FO Pénitentiaire, tous trois assurant en outre qu'elle était «reconductible». «Tant qu'on ne trouvera pas un chemin d'entente avec le gouvernement, on ne lâchera rien», explique Jean-François Forget de l'Ufap-Unsa, qui dénonce à l'AFP «l'impunité totale» régnant dans les prisons et le «laxisme» des gouvernements successifs face au traitement des détenus radicalisés les plus violents.

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, s'est rendu à la prison de Fresnes pour «soutenir» les agents pénitentiaires dans leur action.

À Fresnes, environ 150 agents se sont réunis à partir de 6h autour de barricades dressées le long de l'allée bordant le mur d'enceinte du centre pénitentiaire, où les manifestants faisaient brûler des palettes, sous l'œil de quelques CRS, qui ont fini par recourir au gaz lacrymogène pour disperser le rassemblement.

«On veut montrer notre soutien aux collègues de Vendin. Pour nous, ça reste un attentat et pas une agression lambda», tonne Frédéric Godet, délégué syndical Ufap-Unsa. «On a pas mal de détenus radicalisés en sous-marin dans la détention. Avec la surpopulation et le manque d'effectifs, c'est dur de s'en rendre compte», explique un surveillant du même établissement.

A Vendin-le-Vieil, une centaine de surveillants bloquaient la quasi-totalité de la prison, après une première action similaire juste après l'agression du 11 janvier. Le directeur de la prison a finalement annoncé sa démission, réclamée par de nombreux membres du personnel. La maison d'arrêt de Villepinte et les centres pénitentiaires de Meaux-Chauconin et de Réau étaient totalement bloqués à 6h30, selon des sources syndicales citée par l'AFP. A Marseille, une cinquantaine d'agents, postés à 6h30 devant les deux entrées de la prison des Baumettes, entendent bloquer «pendant quelque temps» l'entrée des agents venant prendre leur service.

«C'est une première mobilisation pour montrer au gouvernement qu'il doit nous prendre au sérieux.  Il faut arrêter les belles paroles, on veut des actes concrets pour l'amélioration de nos conditions de travail et notre sécurité», a expliqué David Cucchetti, de la CGT-Pénitentiaire, à l'AFP.

La ministre de la Justice Nicole Belloubet a d'ores et déjà prévu de se rendre à Vendin-le-Vieil, où trois gardiens ont été blessés le 11 janvier dernier à l'arme blanche par l'islamiste allemand Christian Ganczarski, un des instigateurs de l'attentat contre la synagogue de Djerba, en Tunisie, qui avait fait 21 morts en avril 2002. 

Des surveillants pénitentiaires mécontents se sont également mobilisés pour un «blocage total» à Fleury-Mérogis, comme l'a constaté le reporter de RT France.