France

A travers une vidéo bucolique, les zadistes de NDDL entendent corriger leur mauvaise réputation

En attendant que le gouvernement s'exprime sur le devenir du projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les zadistes, qui y sont vigoureusement opposés, ont réalisé une vidéo afin de déconstruire la réputation de «zone de non-droit» de la ZAD.

Une «zone de non-droit», la ZAD de Notre-Dame-des-Landes («zone à défendre», un détournement du terme «zone d'aménagement différé») ? En aucun cas, selon les activistes écologistes qui la peuplent. Lassés du traitement médiatique qu’ils estiment biaisé, les zadistes ont décidé, en partenariat avec le réalisateur de documentaires animaliers et environnementaux Leo Leibovici et l'actrice Lizzie Brochere, de réaliser une vidéo visant à briser de supposés clichés.

La séquence d'un peu plus de quatre minutes, intitulée «Je n'étais jamais venue sur la ZAD», dévoile un environnement champêtre, où jeunes et moins jeunes semblent vivre en harmonie avec la nature. Une zone paisible, où la solidarité primerait sur l’individualisme.

«On a vu des salamandres sortir de la boue […] on a mis du compost dans le potager collectif, et pendant que le moulin à farine tournait, on a goutté du pain chaud qui venait de sortir du four», raconte Lizzie Brochere, chargée de la voix off. L'actrice, qui qualifie le projet de l’aéroport de «machine mortifère qui brûle le climat», conclut son propos en appelant à la mobilisation prévue sur place le 10 février prochain, afin d«enraciner l'avenir à Notre-Dame-des-Landes».

L'évacuation du site, un casse-tête pour le gouvernement

Dans une interview accordée au journal Le Monde le 12 décembre, le président Emmanuel Macron avait annoncé qu’«une décision définitive sera[it] prise au plus tard en janvier» au sujet du projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Celle-ci doit tenir compte des informations contenues dans le rapport de médiateurs, dont le principe a été validé mi-mai par le Premier ministre Edouard Philippe. 

Réalisé sous la houlette de trois experts, Anne Boquet, Michel Badré et Gérald Feldzer, ce rapport propose de choisir entre «le réaménagement de l'actuel aéroport de Nantes Atlantique» et «le développement d'une nouvelle plate-forme aéroportuaire», et ne privilégie aucune option, toutes deux étant décrites comme «raisonnablement envisageables». Pour autant, les auteurs du rapport estiment que l'option de Nantes-Atlantique serait moins coûteuse. En outre, ils affirment que le transfert à Notre-Dame-des-Landes pourrait accentuer la pression foncière près du lac de Grand-Lieu, une réserve naturelle classée, bien plus dommageable pour l'environnement que le survol des avions.

La problématique sécuritaire, en tout cas, se pose toujours avec acuité. Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a estimé le 2 janvier sur Europe 1 que les forces de l’ordre seraient contraintes «d'employer la force» afin d’évacuer le site de Notre-Dame-des Landes. «On réfléchit toujours sur la façon dont les choses doivent se passer», a-t-il déclaré. «Nous allons essayer de régler ce problème qui dure depuis des années et des années de la manière la plus pacifique possible. [...] La force brute ne peut pas être la solution, il faut aussi la capacité de dialogue avec un certain nombre de parties prenantes.»

Occupée depuis 2009 par des militants anticapitalistes, cette ZAD de 1 650 hectares a été le théâtre de nombreux incidents au cours de manifestations organisées contre le projet. Ni la décision de justice du 25 janvier 2016 ordonnant l'expulsion des derniers habitants, ni le «oui» des habitants de Loire-Atlantique exprimé lors du référendum du 26 juin 2016 en faveur du projet d'aéroport, n’ont pu clore cet interminable chapitre.