France

Réforme de l'éducation : qu'est-ce que le «conseil scientifique» créé par Jean-Michel Blanquer ?

Jean-Michel Blanquer avait annoncé en novembre la création d'un «conseil scientifique» ayant pour but de repenser les méthodes d'enseignement ou encore le système d'évaluation. La place de choix accordée aux neurosciences fait grincer des dents.

Il s'agit d'un sujet épineux auquel le ministre de l'Education nationale a décidé de s'attaquer : Jean-Michel Blanquer lance ce 10 janvier un «conseil scientifique» chargé de plancher sur le contenu de la formation des enseignants, mais également sur celui des programmes scolaires ou encore sur la pertinence des évaluations.

A la tête de cette instance dont la création avait été annoncée en novembre dernier le professeur de psychologie cognitive Stanislas Dehaene, auteur de nombreux travaux portant notamment sur la dyslexie. Cette nomination suscite d'ores et déjà les craintes d'un certain nombre de chercheurs qui s'inquiètent de la place prépondérante dont jouirait selon eux les neurosciences au sein de ce conseil. «C'est par des approches pluridisciplinaires que nous pourrons nourrir nos réflexions», tient à rassurer le ministre dans un entretien accordé au Figaro ce 10 janvier. 

Jean-Michel Blanquer n'a toutefois pas choisi Stanislas Dehaene au hasard. Les progrès considérables accomplis par les neurosciences, qui analysent l'organisation et le fonctionnement du cerveau, plaident en faveur d'une mise en application de leurs résultats aux sciences de l'enseignement. Mieux comprendre le processus d'apprentissage, notamment grâce à des techniques d'imagerie cérébrale, afin d'améliorer la formation des professeurs et le contenu des programmes : tel est l'objectif affiché de ce conseil.

Manuels scolaires, notes au CP... : les chantiers du «conseil scientifique»

Le conseil scientifique n'est pas composé que de représentants des sciences «dures» : des sociologues, philosophes ou économistes composent également le collège de 21 membres qui doit débuter sa mission ce jour. Celle-ci est résumée par Stanislas Dehaene de la manière suivante : «Le conseil scientifique cherchera à délimiter les connaissances que tout professeur devrait maîtriser.» De manière plus concrète, différentes techniques d'enseignement et contenus pédagogiques seront évalués afin de déterminer lesquels se révèlent les plus «efficaces».

Les manuels scolaires feront également l'objet d'une réflexion : en effet, près de 30% des classes de cours préparatoire (CP) ne les utilisent pas, comme le souligne Stanislas Dehaene. Le conseil étudiera également «la meilleure façon de mesurer les progrès des élèves», autrement dit la question des notes et des évaluations. L'utilité des tests en CP figurera donc parmi les sujets auxquels s'intéressera le conseil.

Le conseil se penchera aussi sur la «métacognition», c'est à dire «le fait de comprendre ses propres processus d'apprentissage pour mieux apprendre à apprendre» selon Stanislas Dehaene. «Ce conseil aura pour mission de faire évoluer le système, en aidant à mesurer les progrès des élèves, en proposant des expérimentations pour définir quels facteurs conduisent aux progrès les plus rapides et durables, et en contribuant à la diffusion des méthodes pédagogiques qui ont fait leurs preuves», explique Jean-Michel Blanquer.