Alors que les agriculteurs sont en colère et jugent le plan d'aide promis insuffisant, le président de la République se rendra à Dijon ce jeudi. Il rencontrera des agriculteurs, dont Vincent Lavier, président de la chambre départementale d'agriculture.
RT France : Qu'attendez-vous de ce rendez-vous avec François Hollande prévu jeudi matin ?
Vincent Lavier : On espère profiter de cette opportunité qui nous est offerte pour faire passer un certain nombre de messages au président de la République sur les problématiques rencontrées par l'agriculture de notre département, et puis bien sûr par les filières animales, car c'est clairement le sujet le plus important aujourd'hui. Les problématiques ne sont certes pas les mêmes partout, mais on va faire état d'un malaise général.
RT France : Si votre département, la Côte-d'Or reste pour l'instant calme, comprenez-vous la colère des agriculteurs normands et bretons ?
Vincent Lavier : Je l'analyse comme un ras-le-bol. On a affaire à des gens qui sont aux abois et qui n'ont plus grand-chose à perdre. Globalement, on a demandé beaucoup au monde agricole et aux éleveurs. On nous a demandé de nous adapter, d'optimiser nos systèmes, de produire plus, de rechercher la productivité en permanence, sauf qu'on ne voit jamais le bout du tunnel. Les agriculteurs ont l'impression de ne pas voir de sortie de crise, et aujourd'hui ils en ont un petit plus marre que d'habitude, car c'est de plus en plus difficile et que les perspectives sont sombres.
RT France : Vous allez aussi évoquer avec François Hollande ce plan de secours à la filière qui a été présentée aujourd'hui ?
Vincent Lavier : Oui, ce plan est insuffisant. Ce plan est quelque chose de très conjoncturel, alors que le malaise est plus profond et structurel. Aujourd'hui, nous devons poser la question : «Que voulons nous faire de l'agriculture française pour les décennies qui viennent». Nous tentons, à la chambre d'agriculture, d'acompagner les jeunes. Mais pour faire quoi, comment ? Nous attendons que des choix politiques soient faits dans ce pays pour donner aux paysans de la lisibilité.
RT France : Vous avez la sensation que les agriculteurs sont les oubliés des réformes menées par François Hollande ?
Vincent Lavier : Oui... Oubliés je ne sais pas, le pays est dur à réformer... Ce dont je suis sûr c'est que nos politiques ont trop longtemps cru que les paysans allaient pouvoir s'adapter indéfiniment. On l'a toujours fait, mais aujourd'hui, on ne sait plus faire. Il y a un vrai désespoir.
RT France : La colère des agriculteurs ne devrait-elle pas plutôt être dirigée contre la grande distribution que contre l'Etat ?
Vincent Lavier : Certes, mais face à notre situation actuelle, paradoxalement, ce n'est pas forcément la grande distribution qui réagit le plus mal. Je pense à ces accords du 17 juin... Ils ont fait des efforts et à force d'être la cible du monde agricole, on sent des évolutions.