Les internautes, qui profitent de l’espace d’expression offert par internet, se gaussent des velléités de contrôle des informations souhaité par le gouvernement. Réagissant à un projet de loi qui vise à réprimer la diffusion de «fake news» et de «propagande» présenté par Emmanuel Macron lors de ses vœux à la presse le 3 janvier, les réseaux sociaux se sont amusés à produire eux-mêmes leurs fausses informations, rassemblées sous la bannière du hashtag #InventeDesFakeNews.
Les utilisateurs de Twitter, simples citoyens ou militants, ont manié l’ironie et les fausses fake news, raillant en vrac le gouvernement, les politiques, leurs tromperies, leurs promesses déçues et leurs déclarations mensongères. Ils ont aussi épinglé la presse traditionnelle.
Un des tweets inauguraux concerne une fausse nouvelle à laquelle on aurait pu rêver : que Muriel Pénicaud, qui a fait 62 000 euros d'économie avec la suppression de l'ISF, donne cette somme à la Fondation Abbé-Pierre. L'organisation a aussitôt répondu avec humour : «Pas encore mais on surveille le courrier.»
Parti d'un simple hashtag, des milliers d'internautes se sont prêtés au jeu. Comme le mouvement Génération.s de Benoît Hamon, ancien candidat à la présidentielle, qui dénonce la politique du chef de l'Etat français : «Le gouvernement va stopper sa chasse aux migrants, offrir des solutions pérennes aux SDF, protéger les salariés, augmenter le smic, augmenter les APL, traquer les fraudeurs fiscaux, mener une politique décente.»
Emmanuel Macron a aussi fait l'objet d'une série de tweets qui s'agacent de ses contradictions et autres espoirs déçus. Première cible de moquerie : la volte-face sur son statut de socialiste.
Il lui est également reproché une fake news lui rappelant sa promesse de loger tous les sans-abris avant la fin 2017.
Autre promesse déçue : les effets de la loi travail sur l'emploi, contestés dans ce tweet.
Le gouvernement est également visé par une avalanche de fake news ironiques. L'une d'elle concerne le Premier ministre Edouard Philippe, qui sur un coup de tête avait occasionné des centaines de milliers d'euros de dépenses supplémentaires en organisant le retour d'une délégation en avion privé. «Edouard Philippe a la phobie des avions», est-il raillé.
Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, est lui aussi épinglé, suite à ses propos sous-entendant que certains allocataires de Pôle Emploi se servaient de leurs versements pour prendre du bon temps aux Bahamas.
Le chômage en lui-même semble préoccuper les internautes, un tweet lançant : «Baisse de la hausse du chômage : les chômeurs seront indemnisés en bitcoin pour des travaux virtuels.»
La classe médiatique est elle aussi abondamment visée. A commencer par Laurent Delahousse, la journaliste de France 2 qui a récemment interviewé le président français dans une émission jugée complaisante par certains de ses confrères ou téléspectateurs.
Cet utilisateur de Twitter raille l'éditorialiste Christophe Barbier, après l'avoir vu exécuter un poirier sur le plateau de BFMTV, ce qui lui vaudrait d'être recruté pour le film Yamakasi.
Ce tweet estime que le journal Libération n'a pas fait montre de la neutralité professée par le président français.
Ce tweet accable BFMTV, accusé de verser dans le «no news».
Les personnalités politiques sont l'objet de la plupart des moqueries. Comme le couple Balkany, que cet internaute imagine changer de vie en donnant ses biens à des œuvres caritatives.
Cet utilisateur de Twitter croit savoir que Marine le Pen s'est reconvertie dans la restauration orientale à emporter.
Pas de doute : avec cette avalanche de fausses informations, le gouvernement aura fort à faire dans sa lutte. Et ce n'est pas une fake news.
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