France

Paris : les policiers furieux d'être menacés de payer eux-mêmes leurs PV de stationnement

Une note attribuée au préfet aurait été envoyée aux services de police, avertissant que les agents devraient régler eux-mêmes les PV pour stationnement irrégulier, y compris pendant les opérations. Les policiers qui l'ont lue ne décolèrent pas.

L’arroseur arrosé ? Selon le site d’Europe 1, une note attribuée à la direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP), envoyée le 14 décembre, exhorte les services de police à se garer dans les règles de l'art. Victimes collatérales de la privatisation du stationnement à Paris, les policiers seraient menacés par le préfet de police Michel Delpuech de devoir payer eux-mêmes leurs amendes en cas d’infraction au stationnement.

Dans cette note, le préfet se justifierait en expliquant que «plusieurs opérateurs privés auront [...] la charge du contrôle du respect de l'acquittement de la taxe de stationnement à l'aide notamment de dispositifs automatisés». Pour éviter les verbalisations, le préfet recommanderait de faire «preuve de la plus grande rigueur pour l'usage des emplacements réservés aux services de police et le non stationnement dans les espaces non dédiés à cet effet».

Car ce changement de main impliquerait que la gestion des contentieux de stationnement gênant ne relève plus de l'Officier du Ministère public mais du juge administratif. Toute contestation de verbalisation deviendrait donc un serpent de mer et impliquerait la rédaction d’un rapport développé «suffisamment motivé pour justifier du caractère opérationnel de la mission ayant conduit au stationnement irrégulier», selon les termes du courrier envoyé. A défaut, la menace est explicite : «Le montant de l'amende relèvera du paiement par le conducteur du véhicule.» 

Les forces de l'ordre verbalisées ? Les membres de l'association Mobilisation des policiers en colère (MPC) peinent à y croire. Ils ont répliqué, furieux, par le biais d’un post sur Facebook le 20 décembre. Ils se plaignent d’être forcés à distribuer des amendes et de recevoir un camouflet en récompense. «On nous ordonne, on nous menace pour verbaliser. Les forces de l’ordre en souffrent et peuvent s’en faire sanctionner lourdement ! En remerciement, cette même hiérarchie accepte que l’on soit verbalisé en situation d’intervention ! La police contorsionniste, on marche sur la tête et on doit courber l’échine», enrage l'association. Stéphane Lantz, délégué de MPC, a expliqué à ce sujet sur Europe 1 combien cette note est, selon lui, contre-productive : «Quand les collègues interviennent, c'est qu'il y a une urgence. Déjà qu'on nous explique à longueur de journée qu'on n'intervient pas assez rapidement, qu'on est lents, on va devoir expliquer que, "oui, excusez-nous, on a dû trouver une place à un kilomètre du lieu d'intervention".» 

Les nouvelles dispositions au sujet de la verbalisation ne vont pas froisser que les fonctionnaires de police. A compter du 1er janvier 2017, la société privée Indigo sera en charge de distribuer les amendes de stationnement à Paris. Le montant de l'amende est fixée par Paris, elle passera de 17 à 50 euros. Selon le journal Le Parisien, la majorité des 1 600 agents municipaux actuellement chargés de distribuer les PV devraient être réaffectés à la lutte contre les incivilités, comme le jet de mégots, les crottes de chien, le bruit ou le racolage.

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