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Assaut à Saint-Denis en 2015 : les propriétaires de l'appartement, dépourvus d'aides, témoignent

Plus de deux ans après l'assaut du Raid à Saint-Denis, trois jours après le Bataclan, nombre d'habitants ont été écartés des dispositifs d'aide. RT France est allé à leur rencontre.

Plus de deux ans après l'assaut du Raid à Saint-Denis, le 18 novembre 2015, certains habitants sont toujours dans une situation délicate, parfois tout simplement privés de logement. «Je venais d'acheter quelque mois auparavant cet appartement au prix du marché [...] il y avait 652 000 euros de travaux qui avaient été votés [par la copropriété]», témoigne une résidente souhaitant rester anonyme.

La jeune femme s'était également lancée dans des travaux de rénovation de son appartement nouvellement acquis quand l'assaut du Raid quelques jours après les attentats de Paris a brutalement mis un terme à ses projets, et la mettant même à la rue. Celle-ci avait en effet déjà quitté son appartement parisien, s'apprêtant à habiter à Saint-Denis. «Je n'ai plus de logement depuis deux ans», déclare-t-elle encore, déplorant avoir été exclue de toute aide. «Vous avez des riverains qui ont été extrêmement touchés, notamment certains ont perdu l'ouïe, il y a des gens qui ont été lourdement touchés», déplore-t-elle, ajoutant : «Ces gens-là sont toujours hors dispositif. Aujourd'hui, elle est toujours hébergée par des proches, tandis qu'elle continue de payer les charges afférentes à l'appartement qu'elle ne peut occuper, un peu plus de 1 000 euros par mois.»

Mais la condamnation de l'immeuble pris d'assaut par le Raid a également des conséquences pour les commerçants. Interrogée par RT France, une couturière, propriétaire d'un bail commercial, déclare qu'elle a tout perdu. «On s'est fait interdire l'accès à la boutique pendant à peu près huit mois», témoigne-t-elle, soulignant qu'après une période aussi longue, tout son matériel s'était dégradé, en raison de dégâts des eaux. «Finalement, on n'a rien récupéré de cette boutique», déplore-t-elle encore. La couturière a dû repartir de zéro quelque mètres plus loin et réinvestir dans du matériel.

Les copropriétaires de l’immeuble ont eux décidé de poursuivre l’Etat en justice pour résistance abusive concernant leur indemnisation. D’après leur avocat, l’Etat refuserait même de suivre l’avis de ses propres services. Dans une missive envoyée le 23 mai 2016 par la Chancellerie, l’administration reconnaissait qu’il appartenait au ministère de la Justice de prendre en charge la réparation du préjudice anormal et spécial résultant de cette opération.

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