France

Bobigny : les 20 dernières familles Roms de «La Folie» évacuées par la police

Ce campement de Roms situé à Bobigny était l'un des plus anciens de la ville. Installé sur un terrain privé, il était sous le coup d'un arrêté d'expulsion. Mardi 21 juillet, les policiers ont évacué la vingtaine de familles qui y vivaient encore.

C'était l'un des camps les plus emblématiques du département de Seine-Saint-Denis. L'un des plus peuplés aussi, puisqu'en 2014 il a accueilli jusqu'à 200 Roms. Mardi 21 juillet, les dernières familles du camp de «La Folie» ont été obligées de ramasser leurs affaires et de quitter les lieux, encadrées par des policiers et des membres d'associations.

Le camp, qui avait été installé illégalement en 2011 sur un terrain appartenant à la société Séquano, va désormais laisser la place à un espace commercial et à des logements. Les pelleteuses sont d'ailleurs entrées en action quelques minutes après l'intervention policière. La cinquantaine de Roms, en majorité Bulgares, évacués mardi matin devraient, pour les plus vulnérables d'entre eux, se voir proposer des solutions de relogement d'urgence a annoncé la préfecture du département.

Si aucun politique n'a pour le moment réagi à cette évacuation, qui était attendue au vue de la décision de justice, les internautes eux se montrent assez ironiques et amers quant à l'utilisation qui sera faite du bidonville de Roms.

La Ligue des Droits de l'Homme dénonce quant à elle des expulsions estivales menées dans «l'indifférence», et rappelle les conséquences pour ces populations déjà fragiles: «Ces opérations policières ont des conséquences humaines et psychologiques importantes pour ces familles sans cesse sous pression. Elles aggravent la situation des personnes en interrompant le suivi social et sanitaire organisé par les associations. Elles renforcent également l’exclusion de nombreux enfants en empêchant leur accès durable à l’école.»

Le camp de «La Folie» est le 44ème à être évacué en Seine-Saint-Denis depuis le début de l'année. Ce département qui a compté jusqu'à 143 campements n'en accueillerait plus qu'une 40 aujourd'hui. Selon la LDH, environ 150 Roms sont évacués en France chaque semaine.

«Qui peut encore croire que la destruction des bidonvilles fait disparaître la misère ?» s'interroge la Ligue des Droits de l'Homme qui attaque ici la politique très offensive du gouvernement Valls en la matière.

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En 2013, le Premier ministre avait en effet déclaré: «Ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation [...] C’est une évidence là aussi, nous le savons tous, la proximité de ces campements provoque de la mendicité et aussi des vols, et donc de la délinquance. Les Roms ont vocation à rester en Roumanie, ou à y retourner». Manuel Valls pourrait d'ailleurs être poursuivi devant la cour de justice de la République pour ses propos, l'association La Voix des Roms l'accusant de «provocation à la haine raciale».