France

Le gouvernement souhaite rétablir le redoublement

Alors que son prédécesseur avait fortement limité le redoublement, laissant la décision aux parents, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer propose un décret qui en rétablit partiellement l'usage et redonne la décision au corps pédagogique.

Un projet de décret, qui sera examiné le 29 novembre par une commission spécialisée avant d'être présenté devant le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) le 14 décembre, vise à rétablir la possibilité du redoublement, rendu exceptionnel par le précédent gouvernement.

Selon ce texte révélé parLe Figaro le 28 novembre, «à titre exceptionnel, dans le cas où le dispositif d'accompagnement pédagogique mis en place n'a pas permis de pallier les difficultés importantes d'apprentissage rencontrées par l'élève, un redoublement peut être proposé par le conseil des maîtres». Lorsqu'il sera mis en œuvre, l'élève bénéficiera alors d'un «dispositif d'accompagnement spécifique».

Une disposition vivement souhaitée par le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, qui avait fait part en juin dernier de son intention d'autoriser à nouveau le redoublement, jugeant «absurde» son «interdiction» par la ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem. Cette dernière avait pris en novembre 2014 un décret affirmant son «caractère exceptionnel».

«Le redoublement doit rester exceptionnel», décrypte-t-on prudemment dans l'entourage du ministre. Mais le projet de décret précise son cadre : «Le conseil de classe pourra alerter en cours d'année sur un risque de redoublement, il proposera alors un accompagnement à l'élève (stage, tutorat...) et s'il y a malgré tout un échec, le chef d'établissement pourra in fine décider d'un redoublement en fin d'année.» Auparavant, les redoublements n'étaient décidés qu'à la demande des parents et à la fin d'un cycle, si l'orientation proposée ne convenait pas à l'élève.

Dire aux professeurs qu'on «prend en compte leur avis», selon un syndicat

«Ce projet redonne du poids aux décisions des enseignants», se félicite Jean-Rémi Girard du Snalc, un syndicat de professeurs du secondaire, saluant dans les colonnes du Figaro «un texte qui va dans le bon sens».

Une analyse que ne partage pas Claire Krepper, du syndicat des enseignants Unsa : «Le projet introduit clairement la possibilité pour le conseil de classe de décider un redoublement à n'importe quel moment du cycle. Si le ministre veut vraiment qu'il reste exceptionnel, pourquoi ouvrir une telle possibilité ?», s'interroge-t-elle.

«Ce texte ne va sans doute pas changer grand-chose sur le terrain», estime de son côté Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU, qui ajoute avoir le sentiment qu'il s'agit surtout de dire aux professeurs «qu'on prend en compte leur avis». «[Ce nouveau texte] redonne un peu de souplesse mais comporte de nombreux garde-fous», insiste-t-il dans Le Figaro. Aucun moyen supplémentaire n'est par exemple budgété concernant le redoublement, avance le quotidien.

Pour Jean-Rémi Girard, cette disposition ne va pas entraîner une multiplication des demandes de redoublements mais permettre de «redonner la décision de départ à l'équipe pédagogique». «Or, dans certains cas bien particuliers et avec l'accord des familles, un redoublement peut être efficace», assure-t-il.

Une assertion contestée par le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco), qui soulignait dans un rapport en 2015 que dans la majorité des études, le redoublement n'avait pas d'effet sur les performances scolaires à long terme.

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