La cour d'appel de Paris a «entériné le principe de la remise temporaire» de Salah Abdeslam, actuellement incarcéré dans des conditions extrêmement rigoureuses à Fleury-Mérogis, en banlieue parisienne, selon une source proche du dossier.
Cette décision rendue le 20 novembre dernier permet l'exécution du mandat d'arrêt européen émis le 19 octobre par le tribunal de Bruxelles. Ce dernier demandait qu'on lui remette Salah Abdeslam en vue de sa première comparution publique depuis les attentats de Paris en novembre 2015.
Au cœur du procès, qui doit se tenir du 18 au 22 décembre, la fusillade qui a éclaté avec des policiers belges à Bruxelles le 15 mars 2016 dans la planque qui abritait Salah Abdeslam, trois jours avant son arrestation dans la capitale belge, au terme de quatre mois de cavale.
Le principe de sa remise acquis, restent à trancher les modalités de transfert du détenu le plus surveillé de France, un cas hors-norme dans les annales judiciaires.
«Rien n'est acté, les discussions sont toujours en cours [entre Paris et Bruxelles] et plusieurs pistes [sont] envisagées», a souligné le 27 novembre la direction de l'Administration pénitentiaire.
Transfert sous très haute sécurité
Selon plusieurs sources proches du dossier, les autorités françaises envisagent un dispositif d'incarcération provisoire «plus près de la Belgique», à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), avec transfert quotidien vers Bruxelles, à quelque 130 km de là.
C'est une «hypothèse de travail fortement privilégiée», selon l'une de ces sources. Le lieu présenterait en effet l'avantage de pouvoir «dupliquer les conditions de détention qui sont actuellement les siennes», à Fleury-Mérogis, comme le réclament les autorités françaises.
Depuis sa remise à la France en avril 2016, Salah Abdeslam est placé à l'isolement et surveillé 24h/24 par vidéo dans sa cellule de Fleury, mais ce dispositif a récemment été assoupli en raison de craintes pour sa santé.
Selon une autre source proche du dossier, le GIGN, unité d'intervention d'élite de la gendarmerie française, et la police belge se répartiraient la tâche du transfert quotidien du détenu entre une prison française et le tribunal de Bruxelles.
Un calendrier serré
Le procureur général de Paris et le procureur fédéral belge doivent désormais formaliser les modalités du transfert du prévenu dans un accord, qui pourrait être conclu dans les prochains jours. Juste à temps pour permettre la tenue du procès. Mais le calendrier est serré, d'autant que «si Salah Abdeslam prend un avocat, le procès sera reporté au dernier moment pour qu'il puisse travailler sa défense», selon une source proche du dossier.
Contacté par l'AFP, l'ex-avocat du suspect, Sven Mary a refusé de dire s'il envisageait d'assurer à nouveau sa défense.
Contre toute attente, le suspect-clé des attentats parisiens, qui reste silencieux face aux juges antiterroristes français, a souhaité comparaître. Il devra répondre avec un complice, Sofiane Ayari, de «tentative d'assassinat dans un contexte terroriste sur plusieurs policiers».
Le 15 mars 2016, au 60 rue du Dries à Forest, commune de l'agglomération bruxelloise, six policiers, français et belges, avaient essuyé des tirs d'armes automatiques en perquisitionnant un logement supposé inhabité, où ils pensaient trouver des traces du passage des djihadistes ayant frappé Paris le 13 novembre 2015.
Trois policiers avaient été blessés et l'un des occupants du logement, un djihadiste algérien, avait été tué dans l'échange de coups de feu, en couvrant la fuite des deux hommes.
Salah Abdeslam et Sofiane Ayari, un jeune d'origine tunisienne qu'il avait convoyé depuis Ulm (Allemagne) avec d'autres djihadistes de retour de Syrie en octobre 2015, seront finalement arrêtés ensemble le 18 mars 2016 à Bruxelles.