Il est l'un des chanceux à avoir obtenu un poste de lors du remaniement ministériel de ce 24 novembre. Olivier Dussopt a été nommé secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique ce 23 novembre. Jusque-là socialiste (exclu pour être entré au gouvernement), il appartenait au groupe de la Nouvelle gauche à l'Assemblée nationale, considéré comme faisant partie de l'opposition à la politique d'Emmanuel Macron.
Un paradoxe ? Pas tant que cela si l'on regarde de plus près les différents votes d'Olivier Dussopt à l'Assemblée nationale : on serait même tenté de se demander ce qui a pu pousser Emmanuel Macron à l'inclure dans sa nouvelle équipe gouvernementale, tant les positionnements de ce nouveau secrétaire d'Etat semblent refléter son ancrage dans l'opposition.
En effet, le 4 juillet déjà, soit moins de trois semaines après sa victoire aux législatives (contre une député de La République en marche d'ailleurs), il s'abstient sur le vote de confiance sur la déclaration de politique générale du gouvernement d'Edouard Philippe (son actuel Premier ministre). Ce vote fait généralement office de marqueur distinguant l'opposition de la majorité : en ne soutenant pas le président, Olivier Dussopt semble donc se positionner.
Le 1er août, il vote contre les ordonnances engageant la réforme du droit du travail. Il s'agissait pourtant d'une promesse centrale du programme d'Emmanuel Macron. En votant contre, Olivier Dussopt semble une fois de plus s'inscrire dans l'opposition à la politique gouvernementale.
Puis, le député de l'Ardèche enchaîne les votes d'opposition. Il vote contre la première partie du projet de loi de finances 2018 le 24 octobre, puis définitivement contre le 21 novembre (soit trois jours avant sa nomination) sur l'ensemble du projet. Entre-temps, Olivier Dussopt a bien sûr voté contre l'ensemble du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Des archives embarrassantes
Les archives recèlent également des éléments embarrassants pour le nouveau secrétaire d'Etat. En 2014, alors qu'Emmanuel Macron était seulement ministre de l'Economie, le député interpelle le jeune ministre dans les couloirs de l'Assemblée nationale à propos de sa sortie polémique sur les ouvrières «illettrées» de l'entreprise Gad. Selon Le Canard enchaîné, qui rapporte des propos confirmés par Olivier Dussopt lui-même, l'élu lui a notamment reproché d'avoir eu «un comportement de "connard" et d'avoir fait preuve de "mépris"».
Enfin, le 24 novembre de la même année, Olivier Dussopt s'en était pris directement à la loi... Macron. Il soutenait alors la ligne défendue par Jean-Christophe Cambadélis, alors secrétaire général du Parti socialiste.
Toutefois l'AFP révèle que le 22 novembre dernier, à un socialiste qui tentait de le convaincre de ne pas entrer au gouvernement, Olivier Dussopt aurait rétorqué : «Mais c'est le rêve de ma vie !» Sans doute le secrétaire d'Etat était-il prêt à reconsidérer son engagement politique de ces dernières années pour accomplir son destin.
Auparavant aubryste, puis vallsiste, Olivier Dussopt aura eu une trajectoire politique marquée par des changements de conviction considérables. Ce parcours flirtant avec l'opportunisme n'est pas sans rappeler celui de Jean-Vincent Placé, ancien secrétaire d'Etat ayant occupé des fonctions similaires à celle que s'apprête à endosser Olivier Dussopt après avoir viré de bord à plusieurs reprises, dans l'espoir affiché d'obtenir un poste gouvernemental.