France

François Hollande parle au JDD, réactions sévères en France

Le Président de la République a rendu hommage à Jacques Delors et au projet européen, dans une lettre adressée à nos confrères du JDD. En France, les réactions sont divergentes.

«Ce qui nous menace, ce n'est pas l'excès d'Europe mais son insuffisance». Dans une lettre, publiée dimanche 19 juillet par le Journal Du Dimanche (JDD), François Hollande fait l'éloge du projet européen, notamment à travers un hommage à l'ancien ministre des Finances et commissaire européen Jacques Delors. Son idée principale : reprendre les projets de ce dernier de créer un gouvernement de la zone euro, avec un budget spécifique et un parlement pour en assurer le contrôle démocratique.

Le chef de l’État évoque également l'Europe telle qu'elle était conçue par celui qui a été le premier ministre des Finances sous la présidence de François Mitterrand. «La France, comme Jacques Delors nous l'a montré, se grandit toujours quand elle est à l'initiative de l'Europe», affirme-t-il, dans ce texte dédié à l'idée d'une Europe politique.

Le Président de la République française, dévoile sa vision du projet européen : une manière de fédérer et d'unir les forces du continent dans un processus qui sera à l'avantage de chacun. «C'est l'Europe qui est attendue pour porter les technologies de demain», affirme-t-il. «Promouvoir un modèle industriel, réussir la transition énergétique et écologique, investir dans la connaissance, réduire les disparités territoriales, assurer la solidarité à l'intérieur par des investissements et à l'extérieur par des actions de développement».

Pour François Hollande, la relation Franco-allemande est solide et qualitative, et les transferts de souveraineté sont nécessaires pour assurer à chaque pays européen une place dans le projet : «aucune nation ne peut concevoir d'abandonner une partie de sa souveraineté si elle n'a pas la certitude qu'elle sortira plus forte de ce processus».

La classe politique française réagit

Avec une telle déclaration d'amour au projet européen, François Hollande a entraîné des réactions de la part de la plupart des bords politiques de France.

En tête des eurosceptiques, la présidente du Front Nationale Marine Le Pen lui a répondu via un communiqué de presse. «L'euro est un échec», affirme-t-elle, ajoutant qu'un «gouvernement de la zone euro serait la négation encore plus affirmée des démocraties et des souverainetés nationales, réduites à presque rien».

Dans le camp des centristes, le maire de Pau François Bayrou a réagi avec un trait d'humour : «l'idée que François Hollande soit audacieux ne m'était jamais venue à l'esprit», a-t-il annoncé, avant de redevenir sérieux : «l'Europe meurt d'être dirigée dans les coulisses.»

Un autre souverainiste, une autre réaction agacée : le maire de Hyères Nicolas Dupont-Aignan parle de «coup d'état permanent».

S'il va plus dans le sens de François Hollande, l'ancien Premier minsitre François Fillon ne lui accorde pas sa confiance, lui reprochant de manquer de «courage» et de «cohérence».

Depuis sa page Facebook, l'ancienne ministre Nadine Morano a également pris le temps de rédiger une réponse, dans laquelle elle met le Président de la République au défi : «l'audace, c'est l'action, monsieur le Président», tout en affirmant partager «l'idéal européen».

François Hollande trouveras néanmoins quelques alliés dans son combat. Tout d'abord son chef de gouvernement, le Premier ministre Manuel Valls, qui soutient son idée d'une France à «l'avant-garde» de la zone euro, accompagnée de «l'Allemagne, l'Italie, les pays fondateurs».