«Agriculteurs en colères», «Le Foll t'es où» ? Pouvait-on lire sur les pancartes levées par les éleveurs et les agriculteurs, dimanche 19 juillet. Armés de tracteurs remplis de fumiers ou de gravats, ils s'étaient donné rendez-vous à Fontenay-le-Pesnel, à l'ouest de la ville de Caen. Leur but : dénoncer «une situation très tendue», selon Jean-Yves Heurtin, le président du syndicat d'agriculteurs FDSEA du Calvados.
Par ces mots, le syndicaliste veut parler de la faiblesse des prix des productions des éleveurs et agriculteurs. Les prix de la viande, telles que le porc et le bœuf, ne permettent pas aux intéressés de couvrir les frais de leur production. Idem pour les prix du lait, des producteurs de lait faisaient d'ailleurs parti de la manifestation.
«On veut que [le ministre de l'Agriculture, Stéphane] Le Foll vienne en préfecture, à Caen, pour qu'on trouve des solutions pour les trésoreries des exploitations», a ajouté Jean-Yves Heurtin, précisant que «le situation se dégrade de jour en jour».
Le 17 juin 2015, une table ronde avait eu lieu, qui s'était terminée sur la promesse des acteurs de la filière (les transformateurs et la grande distribution) d'augmenter les prix de la viande payée aux éleveurs. «On avait mis beaucoup d'espoir sur la table ronde», continue le syndicaliste, «mais ces acteurs ne respectent pas les accords», dénonce-t-il. Si les prix ont augmenté dans certaines grandes surfaces, «on ne retrouve pas cette augmentation dans les prix payés à l'éleveur», affirme-t-il.
Producteurs, grande distribution et État français
Au cri de «vous nous laissez mourir», les agriculteurs et les éleveurs accusent les autorités de manger dans les mains des accords de la grande distribution. «On sent que l'Etat est dominé par la grande distribution et n'a pas les moyens pour [lui] imposer une politique des prix», continue le syndicaliste.
Cette manifestation intervient pourtant au lendemain d'un appel du Président de la République François Hollande. Ce dernier avait expressément demandé «à la grande distribution» d'améliorer la rémunération des éleveurs.
Pour Jean-Yves Heurtin, cet appel n'a pas été entendu et les pourparlers du 17 juin n'ont pas eu d'effet sur le comportement des entreprises de grande distribution. «Il faut que [Stéphane] Le Foll reprenne la main» pour faire respecter ces accords, estime-t-il.