Des parents d'élèves qui occupaient depuis 48 heures une école élémentaire de Lyon pour réclamer un hébergement pour 12 enfants sans abri, ont été évacués dans le calme par la police, le 22 octobre en fin d'après-midi.
Selon la police, «cinq adultes et trois enfants» ont été délogés «sans incident» à la demande de la Ville de Lyon.
Une dizaine de parents d'élèves, membres du collectif «Pas d'enfants sans toit» se relayaient depuis le 21 octobre au soir pour occuper symboliquement l'école Lucie Aubrac, dans le IIe arrondissement de Lyon. Ils entendaient poursuivre leur action «au moins jusqu'à mardi [24 octobre]».
«Nous voulons que les pouvoirs publics trouvent une solution d'hébergement pour 12 enfants de 3 à 11 ans, scolarisés dans l'école et qui dorment dans la rue», a expliqué à l'AFP la mère d'une élève de CE2. «Et plus largement pour 130 enfants de la métropole dans le même cas», a-t-elle ajouté.
Selon France info, le père d'un autre élève scolarisé dans le même établissement a déclaré : «On a compris que ces familles étaient très discrètes. Elles se lèvent très tôt le matin, vont aux bains douches pour que les enfants arrivent propres à l'école.» Le collectif s'est mobilisé par exemple en payant quelques nuits d’hôtel aux familles de ces migrants à la rue. «Quand, le soir, vous racontez une histoire à votre enfant, que la lumière s'éteint et qu'il vous dit "j'ai mon ami qui dort dehors, est-ce que c'est possible ?" Vous vous rendez compte que c'est concret. C'est quelque chose qui saisit aux tripes et qui n'est pas acceptable», estime ce père de famille.
Des demandeurs d'asile d'Europe centrale et d'Afrique
Originaires d'Europe orientale ou d'Afrique, les parents de ces enfants sont des demandeurs d'asile en attente de régularisation, ou déboutés. Selon l'association, 29 enfants lyonnais se retrouvent à la rue après l'école, et sont contraints de passer la nuit dehors. Sur ces 29 enfants, 12 sont scolarisés à l'école Lucie Aubrac.
Dans un communiqué, la Ville de Lyon rappelle qu'elle a «instauré depuis plusieurs jours un dialogue avec le collectif» et qu'elle se fait «un devoir de scolariser» ces enfants.
«Nous leur apportons un soutien au quotidien grâce au service médico-social présent dans toutes les écoles [...] Et nous entretenons un lien étroit avec la Préfecture et la Métropole de Lyon pour gérer ces situations délicates», souligne le maire de Lyon Georges Képénékian. Mais, selon lui, la Ville «se doit de garantir la sécurité» des bâtiments scolaires, «ce qui est incompatible avec une occupation».
Le collectif «Pas d'enfants sans toit» a réagi à l'expulsion : «La réponse aux parents qui se mobilisent pour que les 130 enfants de la métropole de Lyon ne dorment plus dans la rue est de mettre les parents... à la rue !» Plus tôt, le collectif avait communiqué sa volonté de maintenir son occupation jusqu'au 24 octobre, date de réunion, à la Maison de la veille sociale, d'une commission statuant sur les hébergements d'urgence.
Les membres du collectif prévoient une distribution de tracts dans l'après-midi du 23 octobre devant la mairie de Lyon avant le conseil municipal.