Représentés par l'ONG Sherpa, qui a mis en lumière le scandale de la collaboration du cimentier franco-suisse Lafarge avec l'Etat islamique en Syrie, des anciens employés de l'entreprise ont demandé que Laurent Fabius, alors en responsabilité, soit entendu par la justice afin de déterminer son éventuelle implication dans ce dossier.
D'après France info, qui a révélé cette information, l'organisation souhaite aussi faire entendre deux anciens ambassadeurs de France en Syrie.
«La justice française ne doit oublier aucun acteur dans cette affaire. [...] L’Etat doit être exemplaire, les juges doivent donc rechercher son éventuelle responsabilité», a déclaré Marie-Laure Guislain, à propos de l'ex-ministre des Affaires étrangères français.
Plusieurs responsables ont pointé la responsabilité de la diplomatie française dans le maintien du cimentier en Syrie après la prise de contrôle du territoire où se trouvait l'usine par l'Etat islamique. Lafarge aurait versé à l'organisation terroriste 20 000 euros par mois contre un laisser-passer pour ses camions.
«Le quai d'Orsay nous dit qu'il faut tenir, que ça va se régler [...] On allait voir, tous les six mois, l'ambassadeur de France pour la Syrie et personne ne nous a dit : "Maintenant il faut que vous partiez"», avait relevé devant les enquêteurs Christian Herrault, ex-directeur général adjoint opérationnel.
Mais, d'après France info, le ministère contesterait cette information. «Nous avons alerté le groupe Lafarge sur les risques encourus à rester en Syrie», a-t-on déclaré à la radio d'Etat.
L'information judiciaire ouverte pour financement d'une organisation terroriste devrait permettre d'y voir plus clair.