France

«Dire que Valls est l'ami des juifs» : l'ex-Premier ministre tacle Mélenchon, la polémique enfle

Après avoir été traité de «nazi» par Jean-Luc Mélenchon, un qualificatif que ce dernier dément avoir prononcé, Manuel Valls a lancé une violente diatribe contre le chef des insoumis qu'il accuse de complaisance envers l'antisémitisme. Ambiance.

La hache de guerre est loin d'être enterrée entre Jean-Luc Mélenchon et Manuel Valls. Le 12 octobre, sur les ondes d'Europe 1, l'ex-Premier ministre de François Hollande est revenu sur ses récentes altercations avec le président de La France insoumise (LFI). Selon des révélations du Canard enchaîné, l'insoumis aurait traité Manuel Valls d'«ordure», de «sale type» et de «nazi», un dernier qualificatif que Jean-Luc Mélenchon dément avoir prononcé.

L'ex-Premier ministre a décidé de répliquer au micro du journaliste Patrick Cohen sur Europe 1. Pour lui, Jean-Luc Mélenchon dit ce qu'il pense réellement : «Ce n'est pas un coup de colère de sa part. Je le connais bien. C'est parfaitement maîtrisé», a-t-il déclaré. Et d'ajouter : «Je ne l'ai pas entendu [me qualifier de "nazi"] mais il l'a dit, selon différents témoins. Mais devant moi en revanche, il a proféré de nombreuses insultes».

L'une des causes de cette énième prise de bec, une nouvelle accusation récente de Jean-Luc Mélenchon à l'encontre de Manuel Valls dans sa lettre de démission de la mission de l'Assemblée nationale sur la Nouvelle-Calédonie, suite à la nomination de Manuel Valls à sa présidence. Dans cette lettre, l'insoumis justifiait son retrait par la proximité, selon lui, de l'ancien Premier ministre avec «l'extrême droite israélienne», référence à une photo l'affichant aux côtés de la ministre israélienne de la Justice, Ayelet Shaked, connue pour avoir tenu à plusieurs reprises des propos violents à l'égard des Palestiniens. Manuel Valls avait alors évoqué un texte «ignoble» et «outrancier» dans une bataille de tweets.

«On veut faire de moi une cible»

Manuel Valls a visiblement beaucoup de mal à digérer ces accusations qui, selon lui, relèvent ni plus ni moins d'une complaisance envers l'antisémitisme, dont il accuse Jean-Luc Mélenchon de faire la promotion :  «Lorsqu'on dit que je suis l'ami de l'extrême droite israélienne, au fond, on veut faire passer un seul message : dire que Manuel Valls est l'ami des juifs [...] Jean-Luc Mélenchon et ses amis ne se rendent pas compte, ou alors ils s'en rendent compte et c'est encore plus grave, que l'antisionisme, qui est le nouvel antisémitisme d'aujourd'hui, est au cœur de la matrice de l'idéologie totalitaire et de l'islamisme radical.» Et d'ajouter : «Quand on me désigne comme "l'ami des juifs", on veut faire de moi une cible.» 

«Quand vous traitez un responsable politique, un social-démocrate, un démocrate, un républicain, de droite ou de gauche, de fasciste, de nazi, quand vous l’insultez, c’est une manière de le disqualifier, d’empêcher le débat. C’est pour ça que c’est insupportable», a tempêté Manuel Valls. 

Par ailleurs, l'ex-Premier ministre persiste et signe dans ses accusations de «complaisance» qu'aurait son adversaire à l'égard de l'islam radical. «Il y a une partie de la gauche qui est soit complaisante, soit qui n’a pas pris conscience de ce qu’est la réalité dans un certain nombre de nos territoires», a-t-il lancé sur Europe 1. «C’est théorisé au sein de La France insoumise. Quand sur les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme, votre oratrice principale, c’est la députée Obono, dont on connait aujourd’hui les prises de position, les textes qu’elle a écrits, après les attentats de janvier 2015, après la manifestation du 11 janvier [...] il y a là une vraie conception», a martelé le député de l'Essonne. 

En parallèle, Jean-Luc Mélenchon a réagi à la polémique sur Twitter, rectifiant : «Je n'ai dit ni ne pense que Valls soit nazi. Il est en perdition politique.»

LREM veut saisir le déontologue

Stanislas Guerini, porte-parole du groupe La République en marche (LREM), a déclaré le 12 octobre souhaiter que le déontologue de l'Assemblée nationale soit saisi.

«Qui pourrait trouver normal que Manuel Valls se fasse traiter de "nazi", qu'on soit dans le même groupe parlementaire ou pas ? C'est inacceptable», a-t-il lancé sur Radio Classique.

«Je pense qu'il faut que le déontologue de l'Assemblée nationale soit saisi. Il doit y avoir une suite, effectivement. C'est inacceptable que des propos comme cela soient tenus dans l'enceinte de l'Assemblée nationale», a-t-il poursuivi.

Lire aussi : Qualifiée d'«islamo-gauchiste» par Valls, la France Insoumise l'accuse d'«alimenter le FN»