France

Le groupe parlementaire d'amitié France-Syrie dans le viseur de LREM ?

L'avenir du groupe d'amitié France-Syrie à l'Assemblée nationale, dont plusieurs membres avaient pu s'entretenir avec Bachar el-Assad, est incertain. Soulignant que l'ambassade de France à Damas a été fermée en 2012, LREM se penche sur son sort.

Alors que l'Assemblée nationale a été profondément remaniée en faveur de la République en marche (LREM), l'avenir du groupe parlementaire d'amitié France-Syrie semble incertain.

«Compte tenu de la situation en Syrie, ce groupe d'amitié n'a pas vocation à exister», a estimé Richard Ferrand, président de LREM à l'Assemblée nationale, qui poursuit : «Mais il sera transformé en groupe d'étude à vocation internationale [GEVI].»

La députée LREM Carole Bonnard, vice-présidente de l'Assemblée nationale et présidente de la Délégation chargée des activités internationales, citée par Le Lab d'Europe 1, explique pour sa part : «Au départ, la question s'est posée de savoir si on procédait à la suppression pure et simple du groupe d'amitié ou si on gardait une entité qui puisse répondre à des sollicitations extérieures, d'associations ou de personnalités.»

C'est finalement cette dernière option qui serait à l'étude. Si les groupes d'amitié et les GEVI sont «soumis aux mêmes règles» selon le site de l'Assemblée, les critères de création d'un groupe d'amitié stipulent que des relations diplomatiques doivent exister entre la France et le pays concerné, un critère qui n'est pas demandé pour les GEVI. Or, il se trouve que l'ambassade de France à Damas a été fermée le 6 mars 2012.

Ce GEVI doit permettre, selon Carole Bureau-Bonnard, de maintenir des «relations inter-parlementaires» entre les deux pays. Mais Le Lab précise qu'à travers cette reprise en main, apparaît assez clairement la volonté de la majorité de ne pas permettre de nouveaux voyages «intempestifs» de parlementaires français sur place par le biais du groupe d'amitié.

Témoin gênant ?

A ne pas confondre avec l'association Amitié France-Syrie, le groupe d'amitié a permis à de nombreux parlementaires français d'aller juger par eux-mêmes de la situation en Syrie. En 2015, deux sénateurs et deux députés d'appartenances politiques diverses avaient ainsi pu se rendre dans le pays, en dépit de l'avis défavorable du ministère français des Affaires étrangères. En février 2017, après la libération d'Alep-Est du joug des djihadistes, les députés Les Républicains (LR) Thierry Mariani et Nicolas Dhuicq (LR), ainsi que l'ex-candidat à la présidentielle Jean Lassalle, avaient pu se rendre sur place, où ils avaient pu s'entretenir avec Bachar el-Assad. «La situation à Alep n'avait rien à voir avec la version des médias occidentaux», avait déclaré Nicolas Dhuicq à son retour.

Des journaux comme Le Parisien n'avaient d'ailleurs pas attendu la bataille d'Alep pour dénoncer l'existence de tels groupes d'amitié, par exemple au détour d'un article intitulé «Ces étranges groupes d'amitié avec les dictateurs».

Reste désormais à savoir quels interlocuteurs le groupe priviégiera en Syrie, s'il venait à être transformé en GEVI sous la férule de LREM à l'Assemblée.

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