L'impôt sur la fortune immobilière (IFI) «devrait rapporter 850 millions d'euros», contrairement à l'ISF qui rapportait 4,1 milliards d'euros, a déclaré Bruno Le Maire devant la Commission des finances de l'Assemblée nationale, à l'occasion de la présentation par le gouvernement du projet de loi de finances (PLF) 2018.
Avec le recentrage de l'impôt sur le seul patrimoine immobilier qui exempte de taxes les valeurs mobilières et les placements, le nombre de redevables «devrait diminuer d'environ 40%», à environ 150 000 personnes, a-t-il ajouté.
«L'ISF constitue un frein à la croissance des entreprises, tout particulièrement les PME et ETI familiales et il contribue à l'expatriation chaque année de centaines de Français», s'est justifié Bercy dans son projet de loi de finance, dont l'un des objectifs affichés est d'encourager les Français à financer davantage les entreprises pour stimuler in fine l'activité économique.
«Avec Macron tout le monde doit faire un effort pour redresser le pays. Sauf les riches»
Mais de nombreuses voix dénoncent un cadeau aux ménages les plus aisés. «Macron représente les riches, puisqu’il met en place un dispositif fiscal qui est en leur faveur», a ainsi déclaré le porte-parole de La France insoumise (LFI) Djordje Kuzmanovic.
«Les jets, les yachts, les chevaux de course, les lingots d'or plus soumis à l'ISF... A droite toute !», a dénoncé le député socialiste Olivier Faure. «Dans La République en marche il vaut mieux vivre sur un yacht (plus d'ISF) qu'acheter un appart», a-t-il ajouté.
Une critique reprise par son homologue du Parti socialiste Valérie Rabault.
Ian Brossat, adjoint PCF à la Mairie de Paris, s'est insurgé du fait que la réforme de l'ISF allait coûter au budget de l'Etat 13 fois plus que ce qu'allait rapporter la baisse des APL. «Champagne pour les riches, ceinture pour les autres», a-t-il tweeté.
Député communiste à l'Assemblée nationale, Sébastien Jumel a assuré que les riches étaient «heureux de la suppression de l'ISF».
La présidente du Front national Marine Le Pen a elle jugé que cette réforme incitait les Français à la spéculation. «Le signal, c'est le suivant : spéculez !», a-t-elle affirmé le 28 septembre sur Sud Radio.
«On le voit dans le choix qui a été fait pour l'ISF. On voit bien que le président de la République dit aux Français qu'ils doivent arrêter de gérer en bon père de famille, ils doivent arrêter de se constituer un patrimoine immobilier [...]. Il faut qu'ils spéculent, et s'ils spéculent, alors ils seront gagnants».
«Ce signal est je crois absolument dramatique, mais il révèle la vision mondialiste qui est celle du président de la République», a ajouté la députée du Pas-de-Calais.
L'ancien candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon s'est lui fendu d'une image ainsi commentée : «Avec Macron tout le monde doit faire un effort pour redresser le pays. Sauf les riches.»
Le gouvernement tente de convaincre malgré les critiques
Les ministres étaient sur le pont pour défendre leur réforme de l'ISF dans les matinales du 18 septembre.
«L'ISF est un impôt idiot, il était normal de le supprimer», s'est justifié le ministre du Budget Gérard Darmanin sur RTL.
«Non, la suppression de l'ISF n'est pas un "cadeau pour les riches", c'est donner à nos entreprises les moyens de se développer !» s'est de son côté indigné Bruno Le Maire face à Jean-Jacques Bourdin.