L'histoire avait passionné la presse people cet été : Emmanuel Macron, se sentant menacé par un paparazzi à Marseille, avait porté plainte. La poursuite a finalement été abandonnée il y a quelques jours.
L'affaire remonte au 12 août, alors que le président de la République et son épouse passaient quelques jours dans la villa du préfet de la région PACA, Stéphane Bouillon, dans le quartier du Roucas à Marseille. Un paparazzi errant dans le parc Talabot s’était dangereusement rapproché de leur lieu de vacances qui le jouxtait. Immédiatement immobilisé par le service d’ordre, il avait été mis en garde à vue. Le président courroucé avait dénoncé une tentative d’intrusion.
Dans un communiqué du 15 août 2017, l’Elysée avait annoncé que le chef de l'Etat avait fait porter plainte en son nom auprès du parquet de Marseille pour «harcèlement et tentative d'atteinte à la vie privée». «De temps en temps, il sort [...] et ce photographe journaliste l'a suivi à plusieurs reprises à moto. La sécurité lui a demandé à plusieurs reprises de ne pas le faire, il a continué, parfois à ses risques et périls», avait expliqué le service de communication de l'Elysée.
Le paparazzi de 29 ans, Thibault Daliphard, avait réfuté en bloc toute intrusion dans un domaine privé, et simplement affirmé que le service de sécurité l’avait arrêté parce qu’il l’avait reconnu. Directeur de l'agence E-Press Photo, il a pour fait d’armes une couverture de Voici avec Hollande badigeonné de crème solaire, en 2014.
Rompu à l’exercice de traque des politiques, Thibault Daliphard s’était plaint auprès de VSD de ne pas avoir les coudées franches avec Macron : «Depuis le président Sarkozy, j'ai toujours travaillé sur les vacances des chefs d'Etat et je n'ai jamais eu un tel traitement. Je trouve que c'est un peu spécial comme méthode», s'était défendu le photographe, qui assure avoir été traité «comme un criminel». Les policiers avaient demandé à voir les photos sur la carte mémoire et l’ordinateur. «C'est illégal, mais ils m'ont fait comprendre que si je ne coopérais pas, je devrais attendre demain matin pour sortir, c'était de l'intimidation», a-t-il ajouté.
Plainte retirée : Macron joue l’apaisement
Mais Thibault Daliphard ne sera pas poursuivi, car la plainte a été retirée il y a quelques jours, a annoncé le magazine Challenges le 14 septembre. Joint par France Info le 15 septembre, l'Elysée évoque un «geste d'apaisement» et précise que ce paparazzi s'était montré «très insistant et désagréable pendant la campagne». Il aurait même «franchi à plusieurs reprises les limites», selon L'Elysée, qui précise néanmoins que cela était désormais «du passé».
Améliorer des relations tendues avec la presse
Dès les résultats de l’élection, l'état de grâce de Macron avec la presse s'était grandement effrité. En juin, une vingtaine de sociétés de journalistes, telles que celles de l'AFP,BFMTV, Mediapart, Le Point, L'Obs, Libération et les journaux télévisés de M6, avaient cosigné une tribune, accusant le chef de l’Etat de choisir ses journalistes l'accompagnant, de bloquer l’accès à l’information et de menacer la protection des sources.
Autre sujet ayant fâché les médias : le peu de diligence dont feraient preuve les divers services de presse des ministères aux demandes de ces derniers. Ce à quoi se sont ajoutés les propos présidentiels du 5 septembre, lors d'un déplacement dans une école à Forbach (Moselle) : «Les journalistes ne m'intéressent pas, ce sont les Français qui m'intéressent, c'est ça qu'il faut comprendre», avait-t-il rétorqué à un journaliste qui lui demandait pourquoi il «parlait peu».
En revanche, Emmanuel Macron ne rechigne pas à abreuver un type de presse bien spécifique, via des «paparazzades» sous contrôle. Ainsi, lors d'une balade dans les dunes du Touquet cet été, le couple présidentiel avait été pris en photo de manière avantageuse. La Twittosphère s’était moquée du contre-champ des photos prétendument naturelles de la promenade du couple présidentiel en vacances, où grouillaient pourtant les photographes.