Ce n'est qu'au petit matin du 6 septembre que le procureur du tribunal correctionnel de Paris a achevé son réquisitoire : une peine de 18 mois d'emprisonnement pour «financement du terrorisme» à l'encontre de Nathalie Haddadi, la mère d'un djihadiste présumé mort en Syrie, à qui elle avait fait parvenir de l'argent à plusieurs reprises. Le procureur a requis un mandat de dépôt à son encontre, c'est à dire son incarcération immédiate, dans l'attente de la décision des juges le 28 septembre.
Cette femme âgée de 43 ans est accusée d'avoir encouragé les projets djihadistes de son fils, Belabbas Bounaga. En novembre 2015, alors qu'il était visé par une interdiction de sortie de territoire à l'issue d'une peine d'emprisonnement, Nathalie Haddadi a acheté à son fils des billets d'avion afin qu'il puisse rejoindre son père en Algérie.
Le procureur a aussi reproché à cette commerciale, musulmane non pratiquante, de lui avoir de nouveau payé d'autres billets d'avion et fait parvenir de l'argent alors qu'il était en voyage en Malaisie. De là, le jeune homme de 21 ans avait rejoint l'Etat islamique en Syrie, via le Golfe. Il serait décédé en août 2016.
La mère dénonce une «double peine»
Nathalie Haddadi, qui avait été alertée de la radicalisation de son fils au moment de sa sortie de prison en 2015, a estimé peu avant son passage devant le tribunal correctionnel de Paris qu'elle était victime d'une double peine : la perte de son fils et ce procès.
L'accusée s'est défendue à la barre d'avoir aidé Belabbas Bounaga à faire le djihad. Elle a expliqué l'avoir envoyé chez son père afin de «le sauver» et justifié le transfert de 2 800 euros en Malaisie pour venir en aide à son fils, qui aurait été victime d'une agression dans ce pays.
Pour le procureur, la mère du jeune djihadiste était «au courant des aspirations de son fils» au moment où elle lui a envoyé de l'argent.
Dix ans de prison et un mandat d'arrêt ont été requis contre Belabbas Bounaga, jugé en l'absence de certitude sur sa mort. Son frère cadet, également accusé de lui avoir fait parvenir de l'argent – qui plus est issu d'un trafic de drogue – a quant à lui écopé d'un an d'emprisonnement, dont six mois avec sursis.
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