France

FN ou LFI, les opposants à la réforme du Code du travail vent debout après l'annonce du gouvernement

A l'heure où le premier ministre a défendu «une réforme [par ordonnances] ambitieuse, équilibrée et juste» du droit du travail, les critiques se font de plus en plus nombreuses de la part de l'opposition et des syndicats français.

Le premier ministre Edouard Philippe, accompagné de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, a détaillé le jeudi 31 août, cinq ordonnances visant à réformer le Code du travail. Enthousiaste, le Premier ministre a décrit des «mesures visant à rattraper les années perdues, les années de rendez-vous manqués, peut-être mal négociés, peut-être mal expliqués, peut-être mal compris, mais toujours repoussés ou affadis». Un optimisme qui semble ne pas être partagé par l'ensemble de la classe politique et des partenaires sociaux, tant la levée de bouclier a été prompte de la part d'un grand nombre de formations. 

La CGT appelle à manifester le 12 septembre

Principal porte-étendard de l'opposition salariale à la loi Travail de 2016, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a exprimé les craintes de son syndicat devant ces mesures annoncées. 
«Toutes les craintes que nous avions sont confirmées et la crainte supplémentaire, c'est évident et c'est écrit : c'est la fin du contrat de travail», a déclaré le syndicaliste cité par l'AFP, tout en appelant «les travailleurs, les retraités et les jeunes à aller dans la rue le 12 septembre». 

«Profonde déception» du côté de la CFDT

Plus surprenant, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dont le syndicat avait préféré la conciliation avec le gouvernement à l'opposition frontale, a exprimé sa «profonde déception face à l'opportunité qui était de faire du dialogue social un élément central de la gouvernance des entreprises». Laurent Berger déplore par ailleurs «des décisions quasi unilatérales de l'employeur» dans les entreprises de moins de 20 salariés. 

Toutefois, contrairement à la CGT, le syndicat avait annoncé qu'il ne battrait pas le pavé le 12 septembre pour lutter contre les mesures du gouvernement. «Le combat syndical ne se résume pas à la rue, il est tous les jours dans les entreprises», a estimé le secrétaire général de la formation, cité par l'AFP. 

La France insoumise parle d'une «agression caractérisée»

Alexis Corbière, porte-parole de La France insoumise (LFI), a décrit aux journalistes les ordonnances comme «une agression caractérisée» contre le Code du travail, «avec préméditation en plus». Décrivant «une nouvelle étape, hélas, de régression», il a appelé les opposants au projet à se joindre à la mobilisation organisée par la CGT le 12 septembre et demandé par ailleurs une «réponse citoyenne», le 23 septembre à l'appel du parti LFI.

Le FN juge les syndicats «faibles»

Le vice-président du Front national (FN), Florian Philippot, a fustigé quant à lui sur Twitter une victoire de la Commission européenne et de l'Allemagne. Opposé à la réforme, il a dénoncé des «recettes ringardes à base de précarité et de reculs». 

Au micro de franceinfo, le cadre du FN a par ailleurs critiqué le manque d'efficacité des syndicats dans leur rapport de force avec le gouvernement : «Les syndicats ne sont pas très actifs contre cette loi travail. Ca montre leur faiblesse.» Florian Philippot a par ailleurs évoqué l'idée d'une réforme syndicale qui permettrait plus de diversité ainsi que l'émergence «de vrais syndicats représentatifs». Selon lui, la revendication syndicale tendrait actuellement à se réduire à de «sempiternelles journées de mobilisation dont on sait très bien à l'avance qu'elles ne serviront pas à grand-chose». 

Cette réforme, si elle a de nombreux opposants, compte en revanche des défenseurs dans les rangs des organisations patronales. Le président du syndicat d'artisans U2P a notamment fait état de sa satisfaction, tout comme la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), dont le président a qualifié la réforme de «particulièrement pragmatique». 

Interrogé par franceinfo, le député LR Daniel Fasquelle a décrit pour sa part des textes qui «vont dans le bon sens» et dont une partie des mesures étaient réclamées «depuis longtemps» par sa formation politique. 

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