France

Paris évacue 2 500 migrants dans le cadre de la 35e opération de «mise à l'abri» depuis deux ans

2 500 migrants qui campaient aux alentours du centre d'accueil de la porte de la Chapelle à Paris ont été évacués le matin du 18 août. Le camp de la Chapelle avait été évacué le 7 juillet, avant que des migrants ne reviennent dès le lendemain.

Près de 2 500 migrants, principalement afghans, soudanais et érythréens, ont de nouveau été évacués dans le cadre d'une opération de «mise à l'abri», la 35e du genre depuis juin 2015 à Paris, selon l'AFP. Ces migrants campaient depuis plusieurs semaines dans des conditions d’hygiène et de sécurité catastrophiques (près de l’autoroute et du boulevard périphérique) aux alentours du centre d'accueil de La Chapelle, saturé de demande d'hébergement temporaire. Les opérations d'évacuation ont député vers 6h du matin pour se terminer à 11h. Un correspondant de Ruptly, l'agence vidéo de RT, a pu filmer ces évacuations. 

Le 7 juillet déjà, 2 800 migrants avaient été évacués du même endroit, situé à l’extrémité nord de Paris. Un reporter de RT s'était rendu sur place trois jours plus tard pour constater qu'au moins 200 migrants avaient déjà réinvesti les lieux, parfois même alors que les opérations de nettoyage n'étaient pas achevées. 

La plupart de ces migrants semblent avoir été acheminés vers des installations sportives d'Ile-de-France pour une prise en charge temporaire. 18 gymnases auraient été réquisitionnés pour les accueillir. Les préfectures du val-d'Oise et de Seine-et-Marne ont notamment expliqué avoir reçu respectivement 300 et 200 personnes. 449 ont été accueillies dans des installations sportives universitaires dans le sud de Paris, ce qui a provoqué l'indignation des élus et des riverains. Outre les deux gymnases réquisitionnés, environ 25 tentes ont été plantées sur le terrain de sport du complexe, selon l'AFP. 

Yann Drouet, le directeur de cabinet du préfet de police, a décrit un projet d'un «nouveau genre» dans lequel les personnes seraient contrôlées et orientées en fonction de leur situation.

«Les primo-demandeurs d'asile seront orientés dans le dispositif national afin de poursuivre leur démarche en France. Les personnes connues dans un autre Etat membre seront prises en charge temporairement le temps que soit organisé leur retour vers cet Etat membre, qui a seul vocation à instruire leur demande d'asile. Les personnes déboutées du droit ou en situation irrégulière auront vocation à être reconduites à la frontière», peut-on lire dans un communiqué les préfectures de police et d'Ile-de-France.

Ce nouveau dispositif semble s'inscrire dans la politique de distinction entre migrants économiques et demandeurs d'asile annoncée par le gouvernement. Emmanuel Macron avait déclaré fin juillet qu'il ne voulait «plus personne dans les rues, dans les bois», d'ici la fin de l'année, annonçant des hébergements d'urgence. Le gouvernement a par ailleurs annoncé la mi-juillet un plan de création de 12 000 places d'hébergement pour les demandeurs d'asile et les réfugiés. Le plan prévoit par ailleurs de ramener les procédures de demandes d'asile de 14 à six mois, et un durcissement des renvois pour les déboutés.

Des associations d'aide aux migrants ont exprimé leurs inquiétudes devant cette nouvelle volonté du gouvernement, notamment le fait de distinguer les réfugiés politiques des migrants économiques : «C'est très inquiétant, on se demande si ce "tri" ne va pas commencer avec cette évacuation», a déclaré le vice-président de l'association Utopia 56, Yann Manzi cité par l'AFP. 

En 2015, un référé (terme utilisé pour un rapport) de la Cour des comptes estimait que 96% des demandeurs d'asile déboutés en 2014 étaient cependant restés sur le territoire Français. Un chiffre qui avait été contesté par le gouvernement de l'époque qui estimait à 20% le nombre de demandeurs d'asile déboutés quittant effectivement le territoire.

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