France

15 hauts gradés de l'armée appellent Emmanuel Macron à faire preuve d'«humilité»

Pas moins de 15 hauts gradés dont cinq généraux ont signé une lettre ouverte au président de la République, dans laquelle ils expriment leur indignation face à sa gestion de l'affaire de Villiers. Ils appellent Emmanuel Macron à plus d'«humilité».

Dans une lettre ouverte au président de la République publiée par Capital le 27 juillet, 15 officiers supérieurs à la retraite dont cinq généraux et six colonels, haussent le ton à l'égard d'Emmanuel Macron, l'informant que «l’Armée est peut-être muette, mais elle n’est ni sourde ni aveugle, ni amnésique». 

Les militaires accusent le chef de l'Etat d'avoir laissé les députés de la majorité confier à la presse les propos du chef d'état-major des armées (Cema), puis d'avoir recadré brutalement ce dernier devant ses subordonnés. Les officiers dénoncent, à ce sujet, un comportement «qui restera longtemps dans les mémoires».

Selon eux, Emmanuel Macron a fait preuve d'un comportement humiliant et inapproprié envers un officier ayant servi la France durant 40 ans. «Vous avez senti la différence entre être le chef légal, et être le chef véritable : celui qui, connaissant le métier des armes, respecte ses hommes et en retour se fait aimer d’eux ; celui qui, parce qu’il a d’abord commencé par obéir, a appris à commander. Si votre jeunesse est une excellente chose, elle ne vous a pas apporté l’expérience du Service sous les armes», peut-on lire sous leur plume. 


Si votre jeunesse est une excellente chose, elle ne vous a pas apporté l’expérience du Service sous les armes

Dans les lignes des gradés, on peut lire la formule choc «commander n’est pas "manager"», puis plus loin : «Vos paroles publiques visant le général de Villiers n’ont pas seulement atteint ce grand serviteur de la France et de nos armées mais aussi un grand nombre de militaires qui, comme nous, se sentent humiliés.»

Commander n’est pas "manager"

A l'instar de plusieurs de leurs collègues s'étant exprimés sur le sujet, les militaires estiment en outre qu'il est du ressort du Cema d'informer les politiques sur la situation réelle de l'armée, sans user de langue de bois.

Concernant les déclarations du président à propos du plan budgétaire gouvernemental, les officiers assurent qu’ils ne sont pas dupes, n’hésitant pas à parler de «manipulation» lorsqu'il laisse entendre que les coupes dans le budget de l'armée en 2017 n'auront pas d'incidence sur le fonctionnement des armées.

Les officiers accusent encore Emmanuel Macron de mettre ses armées dans une situation «encore plus tendue» que celle dans laquelle ses prédécesseurs les avaient laissées. 

Assumant comme un devoir de s'adresser au chef des armées «avec le cœur», les cadres de l'armée concluent cette missive acide par un appel au président à devenir un chef «respectueux» de ses soldats, au lieu de se contenter de jouir des pouvoirs que lui garantit la Constitution. 

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