L'arrivée de nouveaux parlementaires La République en Marche (LREM) à l'Assemblée nationale n'est pas sans réserver quelques surprises au palais Bourbon. De nouveaux couacs viennent chaque semaine allonger la liste déjà longue des bévues et autres démonstrations involontaires d'amateurisme de la part des élus du parti de la majorité présidentielle. Ce 25 juillet, c'est un vote sur un article de la loi pour la moralisation de la vie publique qui a suscité un nouvel imbroglio.
Carole Bureau-Bonnard, députée LREM de l'Oise, présidait cette séance. Alors qu'elle demandait, comme le veut l'usage, que les députés favorables à l'un des articles lèvent la main, seul un petit nombre d'entre eux se sont manifestés. Si tous les députés n'étaient certes pas présents, avec 361 sièges sur 577, la majorité aurait toutefois dû être plus manifeste – ce qui n'a pas échappé à Carole Bureau-Bonnard, qui a alors appelé une seconde fois les députés favorables à l'article en question à lever la main. Cette fois, elle s'est en revanche assurée de rappeler que la commission et le gouvernement avaient émis un avis favorable à cet article.
En rappelant l'avis de la commission et du gouvernement, Carole Bureau-Bonnard faisait en fait signe aux députés de son groupe qui semblaient n'avoir pas compris qu'ils devaient voter pour... Il s'agissait en d'autres termes de leur signifier la consigne de vote à laquelle ils étaient censés se plier. Après ce rappel, les élus LREM ont donc logiquement été bien plus nombreux à lever la main, permettant l'adoption de l'article.
Immédiatement, un tonnerre de protestation s'est élevé des rangs de l'opposition. Olivier Dussopt, député socialiste de l'Ardèche, qui intervenait juste après le vote, ne s'est pas privé de rappeler Carole Bureau-Bonnard à l'ordre. «Lorsque vous appelez les votes, les députés lèvent la main ou ne la lèvent pas : ils peuvent faire le choix de ne pas participer au vote. Ils peuvent faire le choix de s'abstenir, mal à l'aise face à une disposition ou par conviction», a-t-il souligné. Prenant un ton plus grave, il a ajouté : «Vous avez appelé le vote deux fois, presque trois. De deux choses l'une : soit cette situation ne se reproduit pas, soit, au nom de mon groupe, je serai amené à demander un scrutin public sur chacun des amendements déposés.»
Dans la cacophonie la plus totale, Carole Bureau-Bonnard s'est défendue d'avoir appelé au vote par deux fois, ce que le règlement de l'Assemblée interdit. Elle s'est alors justifiée en évoquant un souci de micro. Invité à prendre la parole par la suite, le député communiste de l'Allier, André Chassaigne, s'est lui aussi fendu d'un rappel à l'ordre à l'égard de la présidente de séance : «Ça devient pénible, vous menez ces débats de façon incompréhensible.» Fait suffisamment rare pour être souligné, son intervention a été saluée par des applaudissements de nombreux membres de l'opposition, y compris dans les rangs de la droite.