Les soldats de l'armée française, sous pression entre les nombreuses opérations extérieures et la lourde opération Sentinelle sur le territoire national, n'ont pas le quotidien facile. Les restrictions budgétaires auxquelles l'armée fait face depuis des années les impactent au premier chef.
Un rapport de la commission des Finances du Sénat, dévoilé par le Parisien, fait en effet état d'un patrimoine immobilier de l'armée «extrêmement dégradé, voire proche de l'insalubrité». Plusieurs casernes et camps d'entraînement sont ainsi pointés du doigt, tels que la base aérienne d'Orléans (Loiret), où des installations sont «inutilisables en raison de leur insalubrité» ou encore les bâtiments du camp du second régiment d'infanterie de marine du Mans (Sarthe), qui «apparaissent très dégradés».
De plus, en quête de fonds, l'Etat a cédé de nombreux terrains et bâtiments militaires, au point où «il n'existe plus assez de casernes pour héberger les militaires dans les grandes agglomérations, alors même que la menace s'exerce en milieu urbain».
«L'état de dégradation de certaines infrastructures a un impact très défavorable sur le moral des personnels», concluent les sénateurs.
«On ne mesure pas l'état de dégradation dans lequel se trouve notre armée»
Là ne s'arrêtent pas les manques. D'après des sources au sein du ministère de la Défense interrogées par France Info, le taux de matériel disponible dans l'armée n'est pas supérieur à 50%, les autres équipements, vieillissants, étant en maintenance. A titre de comparaison, ce taux était de 80% il y a six ans.
Un probléme qui touche les trois armées. Par exemple, d'après Serge Grouard, ancien député Les Républicains et spécialiste des questions de défense cité par la radio publique, en moyenne la moitié des avions d'une base de l'armée de l'air sert à fournir des pièces détachées aux autres appareils.
«Si l'armée défilait le 14 Juillet avec le matériel utilisé au quotidien, les gens seraient effarés. On ne mesure pas l'état de dégradation dans lequel se trouve notre armée», a lâché l'ex-maire d'Orléans.
Des stocks de munitions limités au plus juste, des entraînements en conditions réelles de plus en plus rares... Des carences substituées par des simulateurs, une solution censée limiter la casse mais qui ne remplace pas l'expérience du feu. «Si on rogne là-dessus, ça ne se voit pas, mais c'est dangereux», a assuré Serge Grouard. A titre d'exemple, un fantassin chargé d'opérer le lance-roquette ne fait même pas un tir par an en entraînement.
«Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d'assurer la pérennité du modèle d'armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français», avait déclaré le général Pierre de Villiers dans un communiqué annonçant sa démission, après l'annonce de coupes budgétaires à hauteur de 850 millions d'euros sur le budget de la Défense.