France

Le Monde diplomatique vs BHL : le philosophe «déclare la guerre» au mensuel

Le philosophe a pris ombrage de la mise à disposition gratuite du fonds d'archives du Monde diplomatique, dont un article intitulé «L'Imposture BHL». Dans les colonnes du Point, Bernard-Henri Lévy a décidé de riposter et de pilonner le journal.

Mais pourquoi tant de haine ? Dans les colonnes du Point, Bernard-Henri Lévy a décidé de répondre au Monde diplomatique et d'en dénoncer la «ligne rouge brune», selon lui, c'est-à-dire une synthèse intellectuelle de l'extrême gauche et de l'extrême droite.

En clair, le prestigieux Monde diplomatique qui a décidé de mettre à disposition du public ses archives sur le philosophe, avec en introduction un article intitulé «L'Imposture Bernard-Henri Lévy», serait un organe de presse quasi fasciste. «Qu'ils soient séniles et bêtes ne les empêche pas d'être méchants», lance-t-il dans ce billet au vitriol publié dans Le Point ce 20 juillet 2017, et titré : «BHL déclare la guerre au Monde diplomatique» (accès payant).

Considérant ce que le philosophe à la chemise ouverte a été capable de déclencher en Libye en 2011, on ne saurait trop conseiller à la vénérable rédaction du «Diplo» d'opter pour l'exil. D'autant que Bernard-Henri Lévy ne semble pas content du tout et a décidé de sortir l'artillerie lourde contre le mensuel d'analyse géopolitique, et d'user de toute la panoplie des armes intellectuelles dont dispose la pensée dominante en 2017.

Complotisme, antisionisme, fascisme, fake news et compagnie

Aussi BHL dégaine-t-il, entre autres, la dernière arme de destruction massive rhétorique : l'accusation de fake news, développée à la suite de l'élection de Donald Trump par les médias mainstream. «Je ne rectifierai pas – en tout cas pour le moment – l'ahurissante quantité de fausses informations, sottises ou petites calomnies qui forment ce florilège monomaniaque», décoche ainsi Bernard-Henri Lévy.

Voici donc le Monde diplomatique porté d'un trait de plume voltairien sur la liste noire des médias de propagande et de désinformation. Mais ce n'est pas la seule tare fatale du «Diplo», qui se trouverait être aussi complotiste, aux yeux de l'intellectuel. «Il faut savoir que c'est l'endroit où les thèses conspirationnistes en général trouvent l'écho le plus complaisant», assène-t-il, faisant feu de tout bois.

Mais c'est surtout la posture critique du Monde diplomatique à l'égard de la politique d'Israël en général, et en territoires occupés en particulier, qui scelle le sort funeste du Monde diplo : «Des attracteurs du pire, des aimants noirs, magnétisant ce qu'une époque produit de plus calamiteux», selon lui. Et de conclure : «Je continuerais, comme je le fais depuis vingt ans, de les traiter par le mépris si je n'avais la conviction qu'avec eux la ligne rouge ou, plutôt, rouge brune est en train d'être franchie. Si la synthèse s'opère, c'est là que cela se passera.»

Bernard-Henri Lévy se serait-il laissé gagner par la rancune ? En 2013, il était en effet condamné en justice pour diffamation contre le Monde diplomatique. N'ayant peut-être pas suffisamment vérifié ses fiches, il accusait, toujours dans les colonnes du Point en décembre 2010, le mensuel d'adopter une ligne rouge brune, avançant que Pierre Cassen, fondateur de Riposte laïque, proche du mouvement identitaire, collaborait au Monde Diplomatique. Mais il confondait ainsi Pierre avec Bernard Cassen, ancien directeur du journal. Une fake news avant l'heure, caractérisée et dûment reconnue comme telle par la Justice.

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