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Le numéro de Paris Match sur l'attentat de Nice sera-t-il retiré de la circulation ? Réponse à 18h

Entre droit d'informer et respect de la dignité des victimes, la justice devra trancher le 13 juillet à 18h. Ordonnera-t-elle le retrait du dernier numéro de l'hebdomadaire Paris Match diffusant des images de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice ?

Le parquet de Paris a demandé au tribunal de grande instance (TGI) d'ordonner le retrait de la vente du magazine Paris Match et «l'interdiction de sa diffusion sous tous formats, notamment numérique». Et ce avec astreinte de 50 000 euros par jour de retard pour le journal papier et 50 000 euros par heure de retard pour les supports numériques.

Lors de l'audience, conduite, chose rare, par le président du TGI de Paris, Jean-Michel Hayat, le procureur Olivier Christen a dénoncé «l'obstruction» de la part du journal, auprès de qui le parquet a tenté de faire délivrer son assignation dès le 12 juillet au soir.

Le magistrat a dénoncé la «logique mercantile» de l'hebdomadaire : «Il n'y a pas là d'information, il y a du commerce.»

Le parquet reproche au journal d'avoir publié des images issues de la vidéosurveillance sur la promenade des Anglais à Nice, où 86 personnes ont péri fauchées par un camion, dont le conducteur a été abattu par la police.

Le procureur a soutenu qu’il n’y avait aucun doute sur le fait que des victimes puissent être identifiées. Selon lui, il est inédit que des images de victimes en train d'être tuées lors d'un acte terroriste soient diffusées.

Pour lui, la publication de ces images représente «un profond mépris» pour la dignité des uns et des autres et il n'y a «aucun intérêt légitime» à diffuser ces clichés qui n'apportent rien à la compréhension des faits.

«Des raisons politiques se cachent derrière ce procès»

L'avocate de Paris Match, maître Marie-Christine de Percin, s'est dite «sidérée». A ses yeux, un tel procès est nécessairement politiquement motivé.

Nombre d'images de cette soirée tragique ont déjà été diffusées et vont l'être encore, à la télévision et sur internet, à l'occasion des commémorations de l'attentat survenu il y a un an. En juillet 2016, Paris Match avait déjà publié d'autres photos très similaires.

«Ça ne nous rapporte pas d'argent», a plaidé Marie-Christine de Percin, affirmant que c'était une tradition, au nom du devoir de mémoire, que l'hebdomadaire revienne un an après sur de grands événements qui ont marqué l'opinion.

«Parce que c'est chez nous, on n'aurait pas le droit de savoir ce qui s'est passé ?» a-t-elle également demandé. «C'est le devoir des journalistes de [...] raconter ça», a-t-elle conclu. 

La décision du tribunal sera connue le 13 juillet à 18h. 

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