Le gouvernement, qui vient de présenter une série de coupes budgétaires affectant plusieurs ministères, ne doit théoriquement pas toucher au budget de la Défense. Mais le surcoût des opérations extérieures, d'ordinaire réparti entre la totalité des ministères, sera cette fois imputé au ministère des Armées à hauteur de 850 millions d'euros... ce qui revient à dire que le budget de la Défense sera diminué d'autant. Plusieurs personnalités d'opposition analysent comme une coupe budgétaire dissimulée.
Du côté des Républicains, la manœuvre de la majorité est jugée hautement contestable. Pour Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, le gouvernement commet en effet «une faute». La porte-parole de LR Valérie Boyer va plus loin et souligne le «reniement» que constitue cette décision. Emmanuel Macron avait en effet promis de porter le budget militaire à 2% du PIB d'ici 2025.
Au Front national, les restrictions budgétaires imposées à l'armée sont violemment critiquées. Marine Le Pen, présidente du parti, estime qu'elles «affaiblissent» la France.
David Rachline, sénateur-maire FN de Fréjus, y voit quant à lui les prémices d'une «Europe de la Défense» qu'Emmanuel Macron préférerait à une armée française indépendante – une idée «utopique et dangereuse» selon lui.
L'ancienne présidente socialiste de la Commission de la défense, Patricia Adam, estime quant à elle que le revirement de l'exécutif ainsi que le flou relatif dans lequel cette restriction budgétaire a été décidé, est «irresponsable».
«Emmanuel Macron n'a cessé de promettre une hausse du budget de la défense et on ne peut retirer les hommes des terrains de guerre en trois mois, soyons sérieux», ajoute l'ex-sénateur spécialiste des questions de Défense Jacques Gautier, interrogé par Les Echos.