C'est une quasi-certitude : Paris obtiendra l'organisation des Jeux olympiques de 2024 ou de 2028. Si le maire de Paris Anne Hidalgo en avait fait l'un de ses chevaux de bataille, notamment afin de promouvoir l'image de sa gestion de la ville sur la scène internationale, il semble néanmoins qu'Emmanuel Macron ait la ferme intention de récupérer cet événement en sa faveur...
Le 24 juin dernier, dans le cadre de la campagne de promotion de la candidature de la capitale pour l'organisation des Jeux olympiques, Emmanuel Macron avait tombé la veste pour s'essayer à la boxe ou au handi-tennis, devant une foule de curieux et de photographes du monde entier. Peu de place ce jour-là pour Anne Hidalgo, qui avait pourtant pris soin d'être personnellement présente à chaque événement visant à promouvoir la candidature de sa ville depuis l'officialisation de celle-ci, fin 2015...
Ce 11 juillet, un nouveau cap a été franchi par Emmanuel Macron. Fait assez rare pour être souligné, le président de la République s'est rendu à Lausanne pour soutenir la candidature de Paris face à celle de Los Angeles. Plus atypique encore : Emmanuel Macron a prononcé un discours éminemment politique, estimant que l'obtention de l'organisation des Jeux olympiques de 2024 était une affaire de «moral».
«C'est bon pour un pays de se mobiliser pour des projets... Il n'y a pas que ça, mais c'est fondamental !», a martelé le président lors de son audition par le Comité international olympique. «Nos concitoyens ont envie d'être fiers, fiers de leur pays, fiers de ce qu'ils sont capables de faire, fiers de porter un tel projet», a-t-il ajouté. En filigrane, Emmanuel Macron a établi un parallèle à peine voilé entre son élection, dont il a de nombreuses fois répété qu'elle constituait un «signe d'ouverture sur le monde», et la candidature de Paris aux Jeux olympiques. Avec le discours d'Emmanuel Macron, ce ne sont plus seulement les Jeux de Paris, mais ceux de la France et ce ne sont plus ceux de la première femme maire de la capitale, mais ceux du président le plus jeune de la Ve République.
La facture pour l'Hôtel de Ville, les lauriers pour l'Elysée ?
Néanmoins, reprendre à sa charge la promotion de l'organisation des Jeux olympiques n'est pas une démarche exempte de difficultés et de contradictions pour Emmanuel Macron. Alors que celui-ci a d'ores et déjà annoncé un plan d'économie drastique devant notamment toucher le ministère de l'Education nationale ou l'aide au développement du Quai d'Orsay, il s'affiche désormais comme promoteur actif d'un projet dont le coût est estimé à 6,6 milliards d'euros.
Le président de la République a ainsi tenu à adresser un message rassurant aux observateurs sceptiques qui soulignent que les budgets de ce genre d'événements ne sont jamais respectés et que les retombées financières escomptées sont souvent décevantes. «Il s'agit d'un projet extrêmement limité sur le plan budgétaire», a-t-il assuré, rappelant que l'Etat ne devait théoriquement contribuer au budget total qu'à hauteur d'un milliard d'euros.
Reste à respecter ces engagements. Depuis une trentaine d'années, en effet, aucun des plans d'investissement initiaux n'a été respecté. A titre d'exemple, le Royaume-Uni avait dépensé presque deux fois plus que prévu en 2012, et le Japon, qui organisera les Jeux olympiques de 2020, aura déboursé 11 milliards au lieu de 4,5. Pour autant, le risque financier reposant essentiellement sur le budgets de la capitale, Emmanuel Macron aurait tort de se priver de profiter des retombées médiatiques d'un événement qui compte parmi les plus populaires au monde. Serait-ce là le calcul auquel se serait livré le président, et qui expliquerait son soudain intérêt pour les Jeux olympiques ?