France

Areva était au courant de failles sur l'EPR de Flamanville depuis 2006

Le géant du nucléaire français n'aurait pas signalé de graves failles sur une centrale nucléaire en construction à Flamanville, déjà épinglée à plusieurs reprise pour des problèmes de sécurité. Et cela alors que l'entreprise vit une crise profonde.

Selon le Canard enchaîné de ce mercredi, la société française Areva, spécialiste du nucléaire, connaissait depuis de longues années les faiblesses de la cuve du réacteur EPR de Flamanville. Une note rapporte en effet des problèmes de fragilité sur l'acier qui compose le couvercle du réacteur en construction dans la Manche. Un défaut qui risquait de compromettre la solidité de plusieurs réacteurs nucléaires. 

Ces défauts, révélés en avril dernier par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) posent forcément des questions. Le géant du nucléaire français aurait-il cherché à cacher ces problèmes ? Selon l'hebdomadaire, Areva n'a en tout cas pas jugé nécessaire d'avertir quiconque de ce problème sérieux. « Ce qui nous a surpris, c’est que les gens d’Areva n’aient pas réagi devant une valeur anormale aussi élevée », explique d'ailleurs, Sylvie Cadet-Mercier, responsable du suivi des nouveaux réacteurs à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), au Canard enchaîné.

Ce n'est en tout cas pas le premier problème rencontré par Areva sur le chantier de l'EPR de Flamanville. Alors qu'il aurait dû être terminé en 2012, ce réacteur nucléaire nouvelle génération n'est toujours pas achevé. Et son coût est passé, en quelques années de 3,2 milliards à 9 milliards d'euros. Surtout, alors qu'Areva, leader mondial du secteur du nucléaire, met en avant son expertise, depuis le début du chantier, des centaines de failles ont été révélées par l'Autorité de sûreté nucléaire. 

Par ailleurs, ce chantier à recontrer une opposition intense en France des mouvements écologistes et des réfractaires de l'énergie nucléaire. Quelques manifestations ont d'ailleurs eu lieu devant l'EPR de Flamanville pour protester contre sa construction. En 2011, plus de 800 personnes s'étaient ainsi rassemblées sur place pour demander l'arrêt de ce chantier. Il y a quelques jours enfin, ce sont les agents recrutés par EDF pour exploiter le réacteur EPR qui ont manifesté. Ils souhaitaient faire part de leurs inquiétudes face aux retards qui s'accumulent. 

Ce nouveau couac arrive en tout cas au mauvais moment pour l'entreprise française qui traverse actuellement une passe compliquée. Le groupe français a annoncé il y a quelques mois qu'il n'honorerait pas ses prévisions pour 2015 et 2016. Et l'entreprise a même enregistré près de 5 milliards d'euros de perte en 2014.

Pour éviter de voir ce fleuron de l'industrie française vaciller, l'Etat a annoncé au début du mois de juin, un rapprochement avec EDF qui va devenir actionnaire majoritaire de l'entreprise. Une fusion qui "pourrait théoriquement avoir un impact négatif sur le carnet de commandes d'Areva" estiment les députés Marc Goua (PS) et Hervé Mariton (Les Républicains) dans une rapport parlementaire remis ce mercredi.

En savoir plus : L'avenir d'Areva en discussion