Le journal Libération a dévoilé le 5 juillet que Le Parisien avait omis, la veille, de rapporter la totalité de la phrase de conclusion de la contre-expertise médicale concernant la mort d'Adama Traoré. Si Le Parisien expliquait que la mort du jeune homme était due à un «état asphyxique aigu», les nouveaux éléments relatés par Libération viennent compléter cette information.
«L’ensemble de ces constatations permet de conclure que la mort de monsieur Adama Traoré est secondaire [consécutive] à un état asphyxique aigu, lié à la décompensation – à l’occasion d’un effort et de stress – d’un état antérieur plurifactoriel associant notamment une cardiomégalie [augmentation de la taille du cœur] et une granulomatose systémique de type sarcoïdose [maladie inflammatoire la plupart du temps bénigne]», peut-on lire dans Libération. De quoi susciter la curiosité des plus soupçonneux.
Pourquoi Le Parisien n'a-t-il pas mentionné l'«état antérieur plurifactoriel» ? Cette formulation laisse pourtant ouverte la question des circonstances du décès d'Adama Traoré.
De plus, si la contre-expertise a refuté «tout état infectieux», la cardiomégalie est en effet une anomalie cardiaque potentiellement problématique. «Une cardiomégalie modérée ne peut pas en soi conduire à la mort, mais peut être le symptôme d’une maladie cardiaque plus grave. Ce qui pourrait nécessiter des explorations complémentaires», a ainsi expliqué à Libération un ancien chef de service de pneumologie et de réanimation de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, également expert judiciaire.
La question de savoir si Adama Traoré est mort par asphyxie en raison d'une fragilité cardiaque ou d'une compression thoracique lors de l'intervention des gendarmes, ou de l'addition de ces deux facteurs, n'est pas tranchée à ce stade de l'enquête, explique une source proche du dossier, citée par l'AFP. Joint le 4 juillet par l'agence de presse, Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille du défunt, a quant à lui assuré : «Une des causes possibles de la mort, c'est le placage ventral des gendarmes qui contribue à une compression thoracique.»
La mort d'Adama Traoré lors de son interpellation, le 19 juillet 2016, avait entraîné plusieurs nuits de violences à Beaumont-sur-Oise et ses environs, d'où il était originaire, ainsi que dans les communes voisines. Sa famille dénonce une «bavure» des gendarmes, qui assurent de leur côté n'avoir porté aucun coup au jeune homme.