France

Le Gabon dénonce l'enquête en France sur d'éventuels crimes contre l'humanité

Le gouvernement gabonais a dénoncé l'enquête par un juge d'instruction français sur d'éventuels crimes contre l'humanité perpétrés lors des violences post-électorales au Gabon après la victoire controversée d'Ali Bongo à la présidentielle de 2016.

«Les autorités gabonaises soulignent qu’aucun tribunal sérieux ne peut faire prospérer de telles actions», lit-on dans un communiqué du gouvernement gabonais publié le 4 juillet dénonçant l’enquête française sur d'éventuels crimes contre l’humanité au Gabon.

En septembre 2016, une plainte avait été déposée en France par un Franco-Gabonais, qui souhaite garder l'anonymat, pour «arrestation et détention arbitraire en bande organisée, torture et actes de barbarie en bande organisée, tentative d'assassinat et crime contre l'humanité».

«Les faits évoqués par les avocats du plaignant résultent de procédures classiques de maintien et de rétablissement de l'ordre public», dit le communiqué.

Le dépôt de cette plainte avec constitution de partie civile avait automatiquement conduit à l'ouverture, le 20 avril 2017, par le parquet de Paris d'une enquête confiée à un juge d'instruction. Le ministère public avait retenu les qualificatifs d'arrestation et détention arbitraire, de torture et actes de barbarie, de tentative d'assassinat, mais pas celui de crime contre l'humanité. 

Mais le 26 juin, le juge d'instruction avait finalement retenu ce dernier chef en expliquant : «Aucune investigation n'a été réalisée, il ne peut être d'emblée considéré que les faits qualifiés de crime contre l'humanité n'ont pas été commis.»

Dans son communiqué, le gouvernement gabonais estime : «Le principe de souveraineté interdit à un Etat de juger un autre Etat ou de juger les dirigeants d'un autre Etat.» 

Le communiqué dénonce «l'aventure ambigüe» des deux avocats du plaignant, maîtres William Bourdon et Eric Moutet, soucieux de «maintenir un climat permanent de tension au Gabon et de nuire aux relations entre la France et le Gabon».

L'annonce début septembre de la réélection d’Ali Bongo avait provoqué de rares violences (émeutes, répressions, pillages, incendie de l'Assemblée...) dans ce petit pays pétrolier d'environ 1,8 million d'habitants. Plusieurs personnes avaient été tuées.

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