France

Une citoyenne française parmi les otages apparus dans la vidéo d'Al-Qaïda au Mali

La branche d'Al-Qaïda au Mali a diffusé une vidéo où apparaissent six otages étrangers, dont une Française captive des terroristes depuis 2016, au moment où Emmanuel Macron se rend au Mali pour assister à un sommet contre le terrorisme.

La vidéo de 16 minutes et 50 secondes, non datée, a été publiée le 2 juillet via la messagerie sur internet Telegram par le «Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans», une organisation djihadiste. Sur la vidéo on voit six otages étrangers, dont l'Australien Arthur Kenneth Elliott, la Française Sophie Pétronin, le Sud-Africain Stephen McGown, le Roumain Iulian Ghergut, la missionnaire suisse Béatrice Stockly et la religieuse colombienne Gloria Cecilia Narvaez Argoti. Tous ont été enlevés dans les années 2011-2017. 

Les otages sont présentés séparément dans la vidéo par un homme qui indique qu'il n'y a pas eu jusqu'à présent de négociations pour leur libération. A la fin de la vidéo, et sans formuler aucune demande, cet homme assure aux familles des otages qu'«aucune véritable négociation n'a commencé» pour leur libération, tout en affirmant que des discussions sont «toujours actives».

Le Sud-Africain Stephen McGown, premier à apparaître dans la vidéo, y déclare: «Maintenant nous faisons une nouvelle vidéo, mais je ne sais pas quoi dire. Tout a été dit par le passé. Tout a été dit dans les vidéos précédentes que j'ai faites», selon le transcrit de SITE.

Concernant Sophie Pétronin, il est précisé qu'elle espérait que le président français Emmanuel Macron, qui est arrivé au Mali dans la nuit du 1 au 2 juillet pour soutenir la lutte contre les groupes djihadistes, aiderait à son retour auprès de sa famille, selon SITE. Sophie Pétronin, à la tête d'une association d'aide à l'enfance, a été enlevée en décembre 2016 par des hommes armés à Gao, dans le nord du Mali. Aucun groupe n'avait jusqu'à présent revendiqué ce rapt.

Mauvais timing pour Emmanuel Macron

Les chefs d'État de cinq pays du Sahel se réunissent le 2 juillet à Bamako en présence du président français Emmanuel Macron pour concrétiser leur projet de force régionale contre les groupes djihadistes. Le sommet vise à définir concrètement les modalités de cette force, et le président français devrait annoncer un soutien surtout en équipements, selon l'Elysée. 

Déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la force du G5 s'ajoutera à l'opération française Barkhane qui traque les djihadistes dans le Sahel et à la Mission de l'ONU au Mali.

L'idée d'une force régionale, soutenue par Paris, avait été relancée le 6 février lors d'un sommet à Bamako. Elle doit démarrer avec environ 5 000 hommes fournis par les cinq pays, qui ambitionnent de doubler cet effectif à terme.

«Le poste de commandement de cette force sera basé au centre du Mali, à Sévaré», a précisé le général Didier Dacko, chef d'état-major de l'armée malienne avant d'être nommé en juin à la tête de la force du G5.

L'Union européenne a promis 50 millions d'euros, mais une telle force requiert au moins 400 millions d'euros, selon les experts. Le budget prévu avoisinerait les 500 millions d'euros, a indiqué à l'AFP une source au sein de la délégation mauritanienne.

La France, elle-même en pleine recherche d'économies pour cause de déficit budgétaire aggravé, espère le soutien d'autres pays de l'Union européenne, en faisant valoir que son engagement militaire au Sahel protège l'Europe toute entière.

Elle compte notamment sur l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, et espère aussi un «soutien concret» des Etats-Unis, présents militairement avec notamment des drones basés au Niger, a indiqué l'Elysée.

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Le 21 juin, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution qui «saluait» le déploiement de cette force mais sans lui délivrer ni mandat ni fonds. Avec Emmanuel Macron, le G5 Sahel devrait donc lancer un appel aux contributions internationales.

La question financière est d'autant plus sensible que le président tchadien, dont le pays est déjà engagé dans la Minusma et dans la force multinationale contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram, a menacé de se retirer de ce projet pour des raisons budgétaires.