France

Diffamation 2.0, le pigiste avait «corrigé» la fiche Wikipédia de son supérieur

La cour d'appel de Paris a condamné à un euro de dommages et intérêts un pigiste de France 24 pour diffamation. Il était poursuivi par un chef de service de la chaîne dont il avait modifié la fiche Wikipédia.

Le prévenu, visiblement taquin, avait ajouté à la notice biographique consultable en ligne une note rappelant une faute professionnelle et deux textes présentant le plaignant comme l’auteur d’un acte de censure. 

En première instance, la justice avait donné raison au correcteur bénévole, jugeant qu’il n’avait pas dépassé «les limites de la liberté d’expression». 

Pour sa défense, l'ancien journaliste avait d'ailleurs affirmé avoir eu pour seul objectif de «défendre la charte de Wikipédia» qui ne souhaite pas voir publier «des biographies hagiographiques» mais voir «rapporter des faits». Aucune motivation personnelle donc, pas même celle d'une vengeance, puisqu'il a également précisé n’avoir jamais travaillé directement avec le plaignant. 

Wikipedia, ni responsable, ni coupable

Cette affaire n'est pas nouvelle puisque des particuliers «wikipédiés» avaient déjà eu à se plaindre de leur notice biographique mise en ligne.

Ainsi en 2007, trois Français avaient attaqué Wikipédia pour atteinte à leur vie privée, leur homosexualité ayant été révélée. Un outing un peu contraint que les juges français n'avaient pourtant pas condamné, estimant que Wikipédia n'était pas responsable du contenu de son site.

Pas de contrôle, pas de responsabilité, selon le juge français qui s'était appuyé sur la loi de 2004 dite de la confiance en économie numérique. Selon cette loi, l'hébergeur n'est pas responsable du fait des informations qu'il se contente de stocker. Or cette encyclopédie 2.0 est de type participative: elle est construite et alimentée grâce aux textes laissés par des utilisateurs du web qui restent des bénévoles. Wikipédia n'exerce donc pas de contrôle sur ces contenus.

Seule obligation faite au responsables du site: supprimer un contenu sans délai s'il est ouvertement interdit par la loi et concerne la pédophile, le racisme ou le négationnisme.