L'affiche de campagne de Marisol Touraine en Indre-et-Loire, portant la mention «majorité présidentielle avec Emmanuel Macron» ne correspond pas vraiment à l'idée qu'on pourrait se faire d'une affiche du Parti socialiste. Et pourtant, l'ex-ministre de la Santé a bel et bien été investie par le PS, tout en prenant soin de faire disparaître toute mention d'appartenance à son parti dans sa campagne électorale.
Une démarche qui a écœuré les militants socialistes locaux, qui réclament maintenant l'exclusion du PS de Marisol Touraine, et appellent à voter pour des candidats «fidèles aux valeurs de gauche et de l'écologie». Ca sera à la rue de Solférino de donner le fin mot à cette procédure d'exclusion, lancée le 22 mai par la fédération d'Indre-et-Loire du PS.
«C'est une trahison, elle joue sa carte personnelle, c'est de l'opportunisme électoraliste», a dénoncé Francis Gérard, premier secrétaire du PS en Indre-et-Loire à France Bleu.
Une quinzaine de candidats concernés
Sur France Inter, le secrétaire général du PS Jean-Christophe Cambadélis a concédé qu'une «une petite quinzaine de candidats [...] s’affich[aient] avec la formule "majorité présidentielle"».
Candidate dans la 18e circonscription de Paris, l'ex-ministre du Travail Myriam El Khomri conserve certes quelques allusions discrètes à sa filiation socialiste, mais met grandement en avant Emmanuel Macron et la notion de «majorité présidentielle» dans ses documents de campagne.
Plusieurs candidats socialistes, moins connus, ont utilisé des méthodes similaires pour s'attirer les électeurs sympathisants de LREM.
Anthony Pitalier, candidat dans la 3e circonscription de Vendée assure vouloir donner «une majorité à Emmanuel Macron».
Dans la 3e circonscription de la Côte-d'Or, Anne Dillenseger-Sebti souhaite la «réussite à gauche de la majorité présidentielle».
Eric Vève, candidat dans la première circonscription du Calvados, se revendique être «un député de gauche dans la majorité présidentielle».
Contacté par Libération sur de possibles sanctions contre ces candidats, l'état-major socialiste se refuse à sévir. «On ne va pas regarder les affiches et slogans de tous nos candidats. Mais c’est clair, ça rend notre campagne illisible», concède-t-on rue de Solférino.