Ce sont deux prises de guerre de plus pour Emmanuel Macron et son Premier ministre Edouard Philippe. Les nominations de Bruno Le Maire et de Gérald Darmanin au gouvernement pourraient bien faire exploser la droite. Membre de l'équipe de campagne de François Fillon, après avoir échoué à la primaire de la droite et du centre, Bruno Le Maire n'avait pas tardé à saluer la victoire d'Emmanuel Macron dès le soir du second tour le 7 mai. Avec lui, c'est l'aile centriste des Républicains (LR) qui pourrait continuer de se déliter, juppéistes en tête.
D'autant qu'Alain Juppé avait, dès le 9 mai, exclu toute opposition frontale à Emmanuel Macron. «Pour ma part, je ne suis pas dans l’état d’esprit d’une obstruction systématique», avait-il fait valoir, manière de ne pas insulter l'avenir une fois les élections législatives passées. Une prise de position plutôt heureuse, puisque le juppéiste Edouard Philippe était choisi comme Premier ministre une semaine plus tard.
Avis de tempête chez Les Républicains
Aussi les Républicains risquent-ils de tanguer un peu plus, alors que François Baroin et Florence Portelli, maire de Taverny et porte-parole du parti pour les législatives, tentent tant bien que mal de retenir leurs troupes et de préserver une unité très précaire. Aussi, François Baroin n'a pas tardé à faire part de ses regrets à l'annonce du départ de Bruno Le Maire. Député de l’Eure, ce dernier avait déjà fait des avances, malgré les menaces d'exclusion de son parti, à Emmanuel Macron, se disant prêt à se présenter sous la bannière de La République en marche pour les législatives. Afin, selon lui de «travailler dans une majorité de gouvernement».
Après avoir manié la baffe et le sucre, le secrétaire général de LR, Bernard Accoyer a décidé d'opter pour les sanctions. Ce 17 mai, celui-ci a ainsi annoncé que les membres des Républicains ayant rejoint le gouvernement seraient exclus du parti. Au risque de s'aliéner ceux des membres de son parti qui se sont déclarés «macron-compatibles».
Et, un malheur n'arrivant jamais seul, Les Républicains doivent aussi encaisser la défection de Gérald Darmanin, considéré comme l'étoile montante du parti. Le nouveau ministre de l'Action et des Comptes publics, âgé de 34 ans seulement, incarnait au sein de LR un courant gaulliste et social, teinté de conservatisme social. Après les juppéistes, Emmanuel Macron et Edouard Philippe s'attaquent donc aux ex-fillonnistes. Gérald Darmanin est par ailleurs l'un des signataires de l'appel à saisir la «main tendue» d'Emmanuel Macron, lancé le 15 mai, et dont la liste de membres LR est passée d'une vingtaine à plus de 170.
Pourtant, mais ce n'est pas le seul, Gérald Darmanin n'a pas toujours été un soutien inconditionnel d'Emmanuel Macron. En février 2017, le candidat d'En Marche! représentait ainsi, selon lui, «l'incarnation du vide».
Dans un tweet, apparemment supprimé, le même Darmanin considérait Emmanuel Macron comme un représentant du «bobopulisme», à même, écrivait-il alors, «de désespérer les classes sociales». Mais ça, c'était avant le «big bang» du paysage politique français.
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