France

Usine GM&S : «On est en train de déshabiller le tissu industriel français», dénonce un syndicaliste

Au cours de son reportage à l'usine creusoise de GM&S, menacée de liquidation, RT est allé à la rencontre de Vincent Labrousse, responsable syndical CGT. Selon lui, la menace de destruction de l'usine est totalement justifiée.

A quelques jours de la décision de justice devant entériner la liquidation judiciaire de l'entreprise de fabrication de pièces automobile GM&S et la destruction de 283 emplois, les ouvriers de l'usine ont décidé de piéger le bâtiment avec des dispositifs artisanaux et ont menacé de «tout faire péter» si leurs emplois n'étaient pas sauvés. RT est allé sur place, et s'est entretenu avec Vincent Labrousse, syndicaliste CGT et leader du mouvement de contestation à La Souterraine, dans la Creuse. 

«Les constructeurs nous ont menés en bateau depuis plusieurs mois. Cela fait six mois que nous discutons avec les constructeurs, que nous nous faisons entendre pacifiquement... Au bout d'un moment on arrive à une impasse, et on a que cette réponse», a-t-il déclaré. 

Le responsable syndical n'explique pas l'attitude des deux constructeurs français, PSA et Renault, en panne de commandes de la part de leurs plus gros clients. 

«Ils nous ont affirmé qu'ils refusaient de prendre plus de commandes chez nous car ils n'avaient pas confiance dans les précédents actionnaires. C'est quelque chose que l'on ne comprend pas, car une fois en redressement judiciaire, nous étions entre les mains de la justice et il n'y avait plus d'actionnaires et donc plus de raisons à ce qu'ils ne remettent pas d'activité pour que l'on puisse continuer à vivre. Ils ne nous reprochent ni la qualité du travail, ni le prix... Il n'y a rien qui explique notre situation», a-t-il confié à notre journaliste.

Derrière lui se trouve une machine-outil, détruite par les ouvriers, servant à la construction des pièces nécessaire à la fabrication des voitures des fabriquants français. Interrogé sur le bien-fondé de telles méthodes, Vincent Labrousse assure que ce n'est qu'à «contre-cœur et avec beaucoup de tristesse» que les salariés en sont arrivés là. 

«Ce qu'on a voulu envoyer comme signe, c'est ce qui va advenir de nos vies derrière : la destruction de nos emplois, de nos familles... On souhaite arrêter ça le plus tôt possible. Mais, quel autre choix a-t-on ?», s'est-il interrogé. 

«On est en train de déshabiller le tissu industriel français, bientôt on ne sera plus capable de rien faire en France. Il faut une véritable réflexion à ce sujet. Quand on voit les bénéfices faits par les sociétés, et notamment PSA et Renault, il y en a pour tout le monde», a-t-il affirmé. 

Circonspect sur l'efficacité d'une rencontre avec le président de la République, celle avec François Hollande ne s'étant jamais traduite par des mesures en faveur de l'entreprise, Vincent Labrousse a déclaré «vouloir des interlocuteurs gouvernementaux qui prennent des décisions qui soient concrètes et qui puissent donner des perspectives à l'ensemble des salariés».

Le tribunal de commerce de Poitiers doit se prononcer le 23 mai concernant la possible liquidation de GM&S. Dans l'attente de ce jugement, plusieurs mobilisations sont prévues, avec notamment une grande manifestation nationale sur le site le 16 mai. L'usine, occupée depuis le 13 mai, le restera jusqu'au dénouement, qui pourrait se finir par la destruction du bâtiment, «si les salariés le décident», a assuré Vincent Labrousse. 

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